Le Journal de Quebec

Pari risqué, résultat « exceptionn­el »

- ERIC THIBAULT

Guillaume Champagne risquait plusieurs années de pénitencie­r et «il aurait été la honte de sa famille, dont plusieurs membres sont des notables de la région» sans le résultat «exceptionn­el» obtenu par son avocat.

C’est ce qu’a témoigné Me Gilles Doré dans le cadre de la poursuite qu’il a intentée contre M. Champagne, à qui il réclamait un «boni de résultat» de 100 000 $, selon des documents judiciaire­s que Le Journal a pu consulter.

«La preuve démontrait qu’il y avait un laboratoir­e de produits chimiques illégaux dans une pièce de la maison de M. Champagne. [...] Les nombreux rapports de filature policière indiquaien­t que le défendeur fréquentai­t un ou des membres des motards dits “criminalis­és”. [...] M. Champagne a été vu sur les lieux avec ces gens-là», a fait valoir le criminalis­te lors de son interrogat­oire hors cour.

« Last man standing »

Me Doré a aussi explicité la stratégie qu’il a mise de l’avant dans ce cas, basée sur la «patience».

«Dans une approche agressive, on se met en conflit important avec la poursuite, a-t-il déclaré. Dans notre cas, on a décidé de ne pas adopter cette attitude-là. [...] Alors, essentiell­ement, c’était de laisser les autres dossiers se régler [...] dans l’espoir d’en arriver, vers la fin, avec un “last man standing”. Et puis, d’avoir une connaissan­ce suffisante du dossier pour convaincre le procureur de la poursuite que ça ne valait pas la peine d’aller plus avant.»

Me Doré a ajouté que l’enquête policière comportait «des faiblesses», sans préciser lesquelles.

L’avocat a aussi tracé un parallèle entre cette affaire et l’opération Sharqc, où le tiers des 156 accusés s’en sont tirés indemnes et dont certains étaient aussi ses clients.

«C’était une stratégie qui était risquée, peut-être. [...] Je devais savoir si (M. Champagne) était capable de survivre à la charge émotionnel­le. Sa réponse a toujours été “no problem” ».

La patience de son client aurait atteint ses limites en 2013. «Vers la fin, je dois vous dire qu’il insistait pour que ça finisse au plus vite parce que son frère voulait se présenter aux élections, puis il ne voulait pas avoir ça...», a témoigné Me Doré.

En défense, Guillaume Champagne avait réitéré que son acquitteme­nt a «toujours été l’objectif à atteindre», d’après des documents de cour. Il refusait de payer le boni «grossièrem­ent exagéré» de 100 000 $ réclamé par Me Doré, à qui il avait déjà versé 52 000 $ pour le défendre.

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