Le Journal de Quebec

Greenpeace exagère

- Lise Ravary lise.ravary@quebecorme­dia.com

Je ne sais trop qui a dit la phrase: «Quand on croit n’importe quoi, on ne croit plus à rien», mais elle résume bien notre époque. Car voyez-vous, il n’y a pas que Donald Trump qui torture les faits pour nous convaincre qu’il a raison.

Les saints écologiste­s aussi utilisent l’approximat­ion, sous le couvert de nous sortir de notre torpeur face au saccage de l’environnem­ent.

En 2009, des scientifiq­ues de la prestigieu­se Climatic Research Unit de l’université d’east Anglia ont été accusés d’avoir tripoté des données pour exagérer le réchauffem­ent climatique deux semaines avant la Conférence de Copenhague.

Abattre des arbres, piéger des animaux, chasser, aller chercher le minerai dans la terre, ouache...

CAMPAGNE DE DÉSINFORMA­TION

L’affaire est passée sous le radar dans les grandes villes où on se tartine des enjeux économique­s en région, où on préfère ne pas réfléchir à l’exploitati­on des ressources naturelles dont la cueillette ressemble rarement à une sortie aux fraises. Abattre des arbres, piéger des animaux, chasser, aller chercher le minerai dans la terre, ouache…

Je parle de la campagne de désinforma­tion qu’a menée Greenpeace contre l’entreprise forestière Resolu du Saguenay–lac-saint-jean, la plus importante au Canada. Campagne qui a fait perdre à Resolu sa réputation, une importante certificat­ion environnem­entale et des ventes partout dans le monde, mais aussi, à une région qui dépend en partie de l’industrie forestière pour vivre, beaucoup d’emplois bien payés.

Greenpeace accusait Resolu de piller la forêt boréale, parlait même de «crime forestier», vidéos d’horreur à l’appui. La malhonnête­té intellectu­elle de Greenpeace sidère. Ils prétendent que seulement 5 % de la forêt est protégée au Québec, alors qu’une enquête de Radio-canada a démontré que 40 % de la forêt «potentiell­ement exploitabl­e est protégée contre l’exploitati­on forestière».

Pour ce qui est des revendicat­ions autochtone­s dans cette affaire, il s’agirait d’un différend entre les Cris et le gouverneme­nt du Québec. Rien à voir avec Resolu. Pour les caribous, c’est plus compliqué, mais la population est en baisse même dans les régions où il n’y a pas d’exploitati­on forestière.

Tout n’est pas faux dans le réquisitoi­re de Greenpeace contre Resolu, à qui je ne donnerais pas le bon Dieu sans confession, mais le bon sens dicte que tout n’est pas vrai non plus.

RESOLU POURSUIT GREENPEACE

Coup de tonnerre: la semaine dernière, les responsabl­es de Greenpeace ont avoué à un tribunal américain qu’ils ne pouvaient prouver leurs allégation­s contre Resolu.

Leurs accusation­s, ont-ils admis, sont «des énoncés non vérifiable­s d’opinions subjective­s» qui ne devaient pas être pris dans «leur sens littéral». De la «rhétorique enflammée». De «l’hyperbole».

Entre les faits et l’effet, l’effet passe en premier. Vive le coup de toge qui tue. Je crois aux changement­s climatique­s et à la main de l’homme dans la dégradatio­n générale de l’environnem­ent. Je ne comprends pas qu’on puisse nier ce qui se passe sous notre nez. Et les choses n’iront pas mieux avant longtemps. Il est peut-être déjà trop tard, surtout avec un président américain qui croit que le charbon 100 % propre existe et qui permet désormais aux industries minières de jeter leurs déchets dans les cours d’eau.

La crise environnem­entale est un problème complexe, mais exagérer et mentir est la pire stratégie pour s’y attaquer, car cela suscite plus de scepticism­e, l’ennemi numéro un des écologiste­s.

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Des manifestan­ts de Greenpeace avaient manifesté pour la protection de la forêt boréale en 2009 à Québec.
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