Un bus fonce dans la foule à Haïti
La tragédie routière a coûté la vie à 38 personnes et fait au moins 13 blessés
LES GONAÏVES | (AFP) Un autobus a foncé dans une foule de musiciens de rue hier dans la ville haïtienne de Gonaïves, à environ 150 km au nord-ouest de Port-auPrince, tuant 38 personnes au total et en blessant 13 autres.
«Le bus a d’abord heurté deux piétons, faisant un mort et un blessé», a déclaré Marie-alta Jean Baptiste, directrice de la protection civile haïtienne. «Il s’est alors enfui et s’est trouvé face à trois bandes de rara (des musiciens à pied, NDLR). Il leur a foncé dessus et 33 personnes sont mortes».
Arrivés rapidement sur place, les services de secours ont transporté les blessés à l’hôpital de la ville de Gonaïves: parmi eux, quatre ont succombé à leurs blessures dans la journée d’hier.
En Haïti, par peur d’être lynchés par des riverains, les conducteurs impliqués fuient souvent les lieux d’un accident de la route.
Pour cette raison, la police est intervenue rapidement hier matin pour conte- nir les mouvements de colère de la population.
«Les gens qui n’ont pas été victimes de l’accident ont tenté de brûler l’autobus avec ses passagers dedans», a déclaré Faustin Joseph, coordonnateur de la protection civile pour le département de l’artibonite.
CHAUFFEUR EN FUITE
La police a indiqué que le chauffeur avait fui avant l’arrivée des agents sur le site de l’accident, et dans l’aprèsmidi elle tentait de l’identifier.
Il travaille pour Blue Sky, une compagnie qui assure des trajets entre les principales villes du nord d’haïti et la capitale via une flotte de bus modernes et climatisés.
Le tronçon de route où s’est produit le drame est une ligne droite. Dans sa course, le bus a poussé dans le fossé une petite voiture alors garée au bord de la large voie où dansaient les musiciens et leur public.
«Après avoir heurté les premières personnes, le chauffeur a pu avoir peur d’être tué et donc il a accéléré sa course et apparemment même éteint ses lumières pour ne pas être poursuivi», confie un policier souhaitant rester anonyme. «Le bus n’avait pas les grands phares allumés: on ne l’a pas vu arriver», a affirmé Jean-renald Edouard depuis son lit d’hôpital.
ENQUÊTE
Le président haïtien Jovenel Moïse s’est dit «consterné» par cet accident et a transmis, «au nom de l’ensemble du Gouvernement, ses sincères condoléances aux familles et proches des victimes de ce drame de trop sur nos routes nationales», selon un communiqué.
Il a demandé «l’ouverture d’une enquête au plus vite pour faire la lumière sur cette tragédie».