Le Journal de Quebec

Où s’en va David Lemieux ?

- réjean tremblay rejean.tremblay@quebecorme­dia.com

VERONA, New York | Tout le monde avait les traits tirés hier matin dans le grand lobby de l’hôtel-casino Turning Stone à Verona.

Tout le monde s’était couché aux petites heures du matin, surtout que la nuit avait été écourtée d’une heure par le changement d’horaire. En plus, il faisait un froid à ne pas mettre un chien dehors. Pas même un esquimau.

Le lobby du Turning Stone est vaste. Tellement que Curtis Stevens pouvait se tenir tout fin seul devant les fontaines du décor et qu’à quelques dizaines de pieds de là, devant les grandes portes et le comptoir de la réception, les Québécois d’eye of The Tiger pouvaient jaser et rire sans manquer de respect envers le douloureux vaincu.

Curtis Stevens n’avait jamais été mis K.-O. de toute sa carrière. Il avait perdu par abandon après le huitième round contre Gennady Golovkin mais on ne lui avait jamais passé un K.-O. Ses traits portaient les marques des trois furieux rounds qu’il avait livrés à David Lemieux.

Et ses yeux fatigués avaient perdu cette lueur d’arrogance qui avait tant fait enrager Lemieux : « Ça va. Je suis revenu tard ce matin de l’hôpital et je n’ai pas beaucoup dormi. Sinon, ça va. J’ai passé un scan du cerveau et les résultats indiquent qu’il n’y a pas de traumatism­e sérieux. Je vais m’en re- mettre », a-t-il répondu quand je suis allé m’informer.

Après avoir posé le temps d’une photo, il a ajouté : « C’est la première fois que je suis knock-out. Ça fait partie de la boxe et de la compétitio­n. Je vais récupérer et revenir, je le garantis », de dire Stevens.

En attendant, il faudra revenir à Montréal le 17 mars pour comparaîtr­e devant le juge pour une infraction commise en 2012. Le procès, c’est rien. C’est les nids-de-poule le danger. Stevens n’est pas très grand. Il pourrait disparaîtr­e.

QU’EST-CE QUI ATTEND LEMIEUX?

Eric Gomez, président de Golden Boy a dit toute la semaine qu’il avait besoin d’une performanc­e spectacula­ire de David Lemieux. Il l’a eue et au centuple. Hier, sur Youtube et ailleurs sur le net, on trouvait des commentair­es et des analyses de cette victoire du Québécois dans plusieurs langues. Des dizaines de vidéos. Et déjà, les fans veulent un combat entre Lemieux et Canelo Alvarez et parlent également du match revanche contre Gennady Golovkin.

Canelo Alvarez va finir par rencontrer Golovkin. Il y a trop de dizaines de millions impliqués pour que ça n’arrive pas. En attendant, l’objectif de Lemieux pourrait être le seul champion qui reste dans les 160 livres, Billy Joe Saunders, champion de la WBO.

Malheureus­ement, il serait surpre- nant que Saunders accepte de mettre son titre en jeu contre Lemieux. Saunders boxe essentiell­ement à Londres et en Europe et ne compte que très peu de gros noms à son palmarès. Alors que Lemieux s’est battu contre Golovkin, Rubio, Stevens, Rios, Tapia, Camacho Jr. et a gagné le titre IBF contre Hassan N’dam au Centre Bell.

De plus, Saunders a été sévèrement critiqué dans sa propre presse anglaise lors de sa dernière défense du titre contre Artur Akavov. Pourquoi Saunders accepterai­t-il de prendre le risque d’affronter un cogneur aussi dangereux que David Lemieux? Surtout que Lemieux s’améliore depuis deux ou trois ans. Samedi, contre Stevens, il a sorti un jab précis et percutant qui a pavé la voie à de solides gauches. C’était de loin supérieur au jab mollasson utilisé contre Golovkin.

En assumant bien entendu que Golovkin est un boxeur bien supérieur à Curtis Stevens.

David Lemieux n’aura pas les problèmes d’artur Beterbiev à se trouver des adversaire­s de qualité. Personne ne veut se battre contre le rude Tchétchène. Tant que HBO et PBC n’auront pas trouvé une formule quelconque, Beterbiev risque d’attendre chez lui l’offre qui lui permettra d’être champion du monde.

Mais à part Golovkin, des champions seront timides à signaler le numéro d’oscar de la Hoya et de Camille Estephan.

 ??  ?? Curtis Stevens était tout fin seul devant les fontaines du grand lobby de l’hôtel-casino Turning Stone de Verona, dimanche matin, au lendemain de sa cuisante défaite face à David Lemieux.
Curtis Stevens était tout fin seul devant les fontaines du grand lobby de l’hôtel-casino Turning Stone de Verona, dimanche matin, au lendemain de sa cuisante défaite face à David Lemieux.
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