Univers bureaucratique
Je sais ce qui a foiré dans les services d’urgences pendant la tempête. Je l’ai découvert en consultant un communiqué en papou bureaucratique du CIUSSS de Québec sur les boissons gazeuses en CHSLD.
Je sais aussi que Trump travaille sur le dossier.
Oui, je vais bien.
DEGRÉS DE SÉPARATION
En partant, l’usage abusif de sigles comme CIUSSS, CNESST et autres CHSLD impose une vision déshumanisante de la vie. Dites «CHSLD» trois fois. Ensuite, dites «hospice» trois fois. Lequel vous fait ressentir une émotion?
Si l’usage de jargons bureaucratiques déconnecte l’humain du réel, l’omniprésence de règles complexes étouffe son sens de l’initiative. Et amenuise l’urgence d’agir.
Isolé dans cet univers théorique, le succès d’une opération humanitaire finit par s’évaluer à l’adhésion aux protocoles. C’est pourquoi, mardi, tant de fonctionnaires ont attendu qu’on leur dise quoi faire avant de porter secours aux personnes prises dans leur auto.
Les pompiers de la caserne 64 de Lachine qui sont allés de leur propre chef voir si des gens avaient besoin d’aide ont agi comme des humains. Les autres, comme des serviteurs de l’état.
Au Québec, nous aimons confier nos vies, nos enfants, nos vieux à l’état, convaincus de la supériorité de ses décisions. Et nous en redemandons, surtout quand le gouvernement ramasse la facture. Nous croyons encore que la santé, la police, les CPE, c’est gratuit.
ET TRUMP DANS TOUT CELA ?
Le programme du conseiller spécial Stephen Bannon s’appelle la «déconstruction de l’état administratif». Si la Maison-blanche tarde à remplir autant de postes importants, ce n’est pas par manque de candidats, mais par absence de volonté de les pourvoir.
C’est «faire plus avec moins» à la puissance 10. C’est «faire tout sans l’état».
Un mirage, certes, mais le jour où le peuple comprend qu’il peut mourir de bureaucratose gangreneuse, le premier beau parleur qui lui promet le remède est accueilli en triomphe.
Même s’il sait qu’on lui ment, tant il a besoin d’être reconnu.