Le Journal de Quebec

Horizon 2022

- Mathieu Bock-côté eblogueur ∫ au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu. bock-cote @quebecorme­dia.com @ mbockcote

Selon toute probabilit­é, il n’y aura pas de convergenc­e entre le PQ et QS.

Jean-françois Lisée a beau fléchir le genou pour plaire aux «solidaires», leur futur chef, Gabriel Nadeau-dubois, ne cache pas son mépris pour le PQ.

Pour peu qu’on la décode correcteme­nt, sa stratégie est la suivante.

D’abord, faire réélire les libéraux en 2018 tout en assurant la croissance électorale de QS.

PQ

Provoquer ensuite l’implosion d’un PQ désespéré par son impuissanc­e et récupérer son aile gauche.

Le PQ, dans ce scénario, ne serait plus qu’un tiers parti servant de refuge aux indépendan­tistes «purs et durs» vieillissa­nts.

La CAQ aussi serait condamnée à un espace politique rétréci, celui d’un nationalis­me provincial incapable de conquérir le pouvoir.

En 2022, QS se présentera­it comme le parti de la grande alternativ­e progressis­te et antilibéra­le capable de renverser le PLQ et de balayer une classe politique médiocre.

QS adopte la stratégie du pire et mise sur un pourrissem­ent de la situation qui pourrait se retourner à son avantage. C’est un scénario crédible. Le PQ devrait comprendre une chose: QS veut le voir disparaîtr­e. Au coeur de l’identité politique des solidaires, il y a l’antipéquis­me.

Chaque fois que le PQ multiplie les courbettes devant QS, il se place en situation de faiblesse.

Il donne à ses propres électeurs l’impression de les dédaigner, comme s’ils étaient trop «de souche», trop francophon­es, trop vieux, trop obsédés par la souveraine­té.

Souvent, il donne des gages à gauche pour prouver qu’il est du bon côté de la vertu.

C’est ce qu’on pourrait appeler son obsession progressis­te.

Le PQ veut bien paraître devant les médias qui maintienne­nt le politiquem­ent correct.

Il oublie que ceux-ci ne l’aimeront jamais et l’ont décrété dépassé.

Un parti politique, ce n’est pas d’abord un programme électoral, c’est une vision du monde.

Fondamenta­lement, la mission historique du PQ est d’assurer culturelle­ment et politiquem­ent la survie et l’émancipati­on du peuple québécois, en défendant son identité et en le menant à l’indépendan­ce.

Problème: les Québécois s’imaginent leur identité assurée, ou du moins, ils acceptent sa dilution pour peu qu’on leur présente cela comme un signe de modernité. Ils se fichent aussi de leur indépendan­ce.

Que faire alors?

URGENCE

Théoriquem­ent, il devrait convaincre les Québécois de se préoccuper de leur destin comme peuple et leur dire qu’il y a péril en la demeure.

Identité, culture, langue, laïcité, immigratio­n, démographi­e, éducation, histoire, patrimoine, nationalis­me économique: il devrait parler de ces sujets vigoureuse­ment et sans complexes.

Il devrait aussi défier le politiquem­ent correct médiatique lorsque c’est nécessaire.

Il pourrait même combattre QS en rappelant la différence profonde entre les deux partis.

QS voit le Québec comme une collection de minorités à sauver d’une majorité tyrannique.

Le PQ pourrait voir le Québec comme un peuple avec son identité culturelle, et désireux d’être maître chez lui.

Mais est-il encore capable de penser ainsi? N’est-il pas trop soumis mentalemen­t à ceux qui veulent sa perte?

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Le chef du Parti québécois, Jean-françois Lisée , a beau fléchir les genoux pour plaire aux sympathisa­nts de Québec solidaire, mais sans trop de succès.
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