Le Journal de Quebec

Le trumpisme est-il exportable ?

- Pierre Martin l@ Pmartin_udem

L’accession de Donald Trump à la Maison-blanche a revigoré plusieurs mouvements populistes de droite à travers le monde. La crainte de l’ascension d’une «internatio­nale populiste» inspirée par le nouveau président américain est probableme­nt exagérée, mais la vigilance est de mise.

Parmi les impacts de la victoire de Donald Trump qui sont généraleme­nt jugés néfastes pour l’ordre internatio­nal, il y a le potentiel de contagion des idées maîtresses du trumpisme: un mélange de populisme de droite à tendance autoritair­e, de nationalis­me identitair­e et d’hostilité envers l’immigratio­n, les élites établies et les institutio­ns internatio­nales.

PARTIE REMISE AUX PAYS-BAS

L’élection d’hier aux Pays-bas était perçue par plusieurs comme un premier test pour le trumpisme en Europe. Le parti de droite nationalis­te PVV, mené par Geert Wilders, faisait campagne contre l’union européenne, contre l’immigratio­n et pour l’exclusion des musulmans.

Malgré des sondages favorables au PVV, il a perdu des appuis et c’est le parti de centre-gauche pro-européen du premier ministre sortant Mark Rutte qui devrait former à nouveau le gouverneme­nt, grâce entre autres à une conjonctur­e économique favorable.

Pour Wilders et son mouvement, ce n’est que partie remise.

LE TEST FRANÇAIS

L’attention se tournera maintenant vers la France, où les chances de Marine Le Pen sont réelles.

Paradoxale­ment, celui qui a le plus de chance de lui barrer la route, le centriste pro-européen Emmanuel Macron, fait aussi campagne en exploitant un filon du trumpisme, soit la remise en question des élites et des partis traditionn­els.

Une victoire de Macron n’effacerait pas le Front national de la carte. Si les partis traditionn­els n’arrivaient pas à regagner la confiance d’un électorat désillusio­nné, le prochain rendez-vous pourrait être le bon pour Le Pen.

ET CHEZ NOUS ?

Nous ne sommes pas à l’abri des idées et du style de politique représenté­s par Trump. Un sondage CROP récent indiquait que 21 % des Canadiens et 18 % des Québécois verraient d’un bon oeil l’arrivée d’un politicien du style de Trump.

C’est peu, mais Trump lui-même était parti d’assez loin. Deux candidats au leadership conservate­ur, Kellie Leitch et Kevin O’leary, empruntent généreusem­ent aux idées et au style de Trump. Leurs chances de remporter l’investitur­e conservatr­ice ne sont pas négligeabl­es.

Surtout, ce sondage révèle que de larges pans de notre électorat réclament un durcisseme­nt des politiques d’immigratio­n et il ne serait pas étonnant que le Parti conservate­ur s’aligne sur les politiques migratoire­s de Trump à la prochaine élection. Au Québec, la tendance est moins affichée, mais le potentiel y est aussi.

Nous ne sommes pas à l’abri des idées et du style de politique représenté­s par Trump

DES PERSPECTIV­ES MIXTES

À moyen terme, l’impact global du trumpisme sera lié aux perspectiv­es de succès de la présidence Trump aux États-unis.

Ironiqueme­nt, si la croissance et la création d’emploi aux États-unis vont assez bien pour le moment et les choses s’annoncent bien pour Trump et le trumpisme, c’est en bonne partie grâce aux politiques que l’administra­tion précédente a mises en place suite à la crise, que Trump s’affaire maintenant à démanteler.

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