Le trumpisme est-il exportable ?
L’accession de Donald Trump à la Maison-blanche a revigoré plusieurs mouvements populistes de droite à travers le monde. La crainte de l’ascension d’une «internationale populiste» inspirée par le nouveau président américain est probablement exagérée, mais la vigilance est de mise.
Parmi les impacts de la victoire de Donald Trump qui sont généralement jugés néfastes pour l’ordre international, il y a le potentiel de contagion des idées maîtresses du trumpisme: un mélange de populisme de droite à tendance autoritaire, de nationalisme identitaire et d’hostilité envers l’immigration, les élites établies et les institutions internationales.
PARTIE REMISE AUX PAYS-BAS
L’élection d’hier aux Pays-bas était perçue par plusieurs comme un premier test pour le trumpisme en Europe. Le parti de droite nationaliste PVV, mené par Geert Wilders, faisait campagne contre l’union européenne, contre l’immigration et pour l’exclusion des musulmans.
Malgré des sondages favorables au PVV, il a perdu des appuis et c’est le parti de centre-gauche pro-européen du premier ministre sortant Mark Rutte qui devrait former à nouveau le gouvernement, grâce entre autres à une conjoncture économique favorable.
Pour Wilders et son mouvement, ce n’est que partie remise.
LE TEST FRANÇAIS
L’attention se tournera maintenant vers la France, où les chances de Marine Le Pen sont réelles.
Paradoxalement, celui qui a le plus de chance de lui barrer la route, le centriste pro-européen Emmanuel Macron, fait aussi campagne en exploitant un filon du trumpisme, soit la remise en question des élites et des partis traditionnels.
Une victoire de Macron n’effacerait pas le Front national de la carte. Si les partis traditionnels n’arrivaient pas à regagner la confiance d’un électorat désillusionné, le prochain rendez-vous pourrait être le bon pour Le Pen.
ET CHEZ NOUS ?
Nous ne sommes pas à l’abri des idées et du style de politique représentés par Trump. Un sondage CROP récent indiquait que 21 % des Canadiens et 18 % des Québécois verraient d’un bon oeil l’arrivée d’un politicien du style de Trump.
C’est peu, mais Trump lui-même était parti d’assez loin. Deux candidats au leadership conservateur, Kellie Leitch et Kevin O’leary, empruntent généreusement aux idées et au style de Trump. Leurs chances de remporter l’investiture conservatrice ne sont pas négligeables.
Surtout, ce sondage révèle que de larges pans de notre électorat réclament un durcissement des politiques d’immigration et il ne serait pas étonnant que le Parti conservateur s’aligne sur les politiques migratoires de Trump à la prochaine élection. Au Québec, la tendance est moins affichée, mais le potentiel y est aussi.
Nous ne sommes pas à l’abri des idées et du style de politique représentés par Trump
DES PERSPECTIVES MIXTES
À moyen terme, l’impact global du trumpisme sera lié aux perspectives de succès de la présidence Trump aux États-unis.
Ironiquement, si la croissance et la création d’emploi aux États-unis vont assez bien pour le moment et les choses s’annoncent bien pour Trump et le trumpisme, c’est en bonne partie grâce aux politiques que l’administration précédente a mises en place suite à la crise, que Trump s’affaire maintenant à démanteler.