Une réalité juste et brutale
Les mots sont crus et parfois vulgaires. Certains émanent des discours racistes qui existent et qui flottent dans l’air. Pour réussir un poulet dépeint avec justesse une réalité qui existe. Celle des gens qui n’ont pas beaucoup d’éducation, qui en arrachent et qui essaient de survivre.
À l’affiche jusqu’au 25 mars au Théâtre Périscope, la proposition écrite et mise en scène par Fabien Cloutier raconte l’histoire de Carl et Steven, interprétés par Guillaume Cyr et Hubert Proulx, qui tentent de vivre du mieux qu’ils le peuvent. Deux gars qui n’ont pas terminé leur secondaire 3, qui ont de jeunes enfants et qui n’en peuvent plus d’être pauvres.
Écoeurés de gagner leur vie en ramassant du fer pour un propriétaire de centre d’achats sans envergure, ils acceptent sa proposition d’aller chercher 800 caisses d’huîtres à Caraquet et de les écouler afin d’obtenir leur part.
Un «racket» supposément facile qui se compliquera avec un camion qui n’est pas réfrigéré, la difficulté de vendre leur mar- chandise et le propriétaire du centre d’achats, joué par Denis Bernard, qui leur met énormément de pression pour qu’ils s’acquittent de cette tâche.
RIRES JAUNES
Avec un décor constitué de trois chaises, Pour réussir un poulet repose sur le jeu des comédiens et les mots de Fabien Cloutier. Il y a de l’humour, des rires jaunes et des tirades parfois très racistes, livrées par le personnage de Judith Gilbert (Marie Michaud). Une langue vive, puissante et qui nous rentre dedans. Une langue qui existe et qui témoigne d’une réalité.
La pièce met en scène cinq personnages qui racontent leurs histoires sous forme de séquences et en parallèle. C’est vif, rapide et dynamique. La tension monte jusqu’à ce que le propriétaire du centre d’achats propose quelque chose pour résoudre l’impasse. Une proposition suivie d’une finale-choc que l’on peut modeler à sa façon.
Fabien Cloutier aime fréquenter le vrai et ces univers où tout n’est ni noir ni blanc. Un monde qui témoigne d’une réalité bien présente et qui existe autour de nous. La vie n’est pas facile pour tout le monde.