Trafic en hausse depuis 10 ans
Le parc automobile de la région a connu une forte croissance sur les deux rives du fleuve Saint-laurent
Ne cherchez plus d’où vient le trafic dans la grande région de Québec. Plus de 115 000 véhicules se sont ajoutés sur les routes sur les deux rives du fleuve depuis 10 ans, révèlent les données les plus récentes de la SAAQ obtenues par Le Journal.
Cette croissance de 17,5 %, entre 2007 et 2016, est nettement supérieure à la moyenne provinciale de 13,4 %. Un record de près de 777 000 véhicules immatriculés a été enregistré par la Société de l’assurance automobile du Québec au 31 décembre 2016, dans les régions administratives de la Capitale-nationale et de Chaudière-appalaches.
Ce chiffre, extrait d’une banque de données, comprend uniquement les automobiles et les camions légers (VUS, camion- nettes et fourgonnettes) dans les catégories «promenade», puis «institutionnel, professionnel et commercial». Ces véhicules sont les plus susceptibles d’envahir nos routes matin et soir et de contribuer à la congestion 12 mois par année.
Précisons que le territoire des deux régions administratives s’étend cependant bien au-delà de Québec et de Lévis. Il comprend aussi une quinzaine de MRC qui regroupent notamment les résidents de Charlevoix, de la Beauce, de Lotbinière, de Bellechasse et des Etchemins.
En pourcentage, la Capitale-nationale arrive au 3e rang des plus fortes croissances sur 17 régions, derrière Lanaudière et les Laurentides. En chiffre absolu, elle grimpe au 2e échelon. Seule la Montérégie a connu une hausse supérieure du nombre de véhicules en circulation depuis 10 ans.
DEUX VISIONS S’AFFRONTENT
Ce nouveau portrait actualisé, qui risque d’alimenter le débat sur le troisième lien Québec-lévis, donne ironi- quement autant de munitions aux partisans du pour que du contre. Le député caquiste Éric Caire, ardent défenseur du projet, croit que ces chiffres justifient plus que jamais sa réalisation.
«Ça ne me surprend pas. Ça donne du poids aux arguments de la CAQ, à savoir qu’on doit repenser le transport à Québec dans une perspective de 50 ans, donc oui à un troisième lien, mais oui aussi à une mise à jour majeure de toutes nos infrastructures routières. Les échanges interrives vont s’amplifier», a-t-il réagi.
UN « ÉCHEC » D’AMÉNAGEMENT
Alexandre Turgeon, du Conseil régional de l’environnement, y voit plutôt une illustration désolante de l’étalement urbain observé dans la dernière décennie. «C’est un méchant échec en matière d’aménagement du territoire dans l’agglomération de Québec», a-t-il commenté, invitant à la prudence dans l’interprétation des chiffres.
«Il y a de plus en plus de baby-boomers qui prennent leur retraite et qui ne voya- gent plus aux heures de pointe tout en gardant leurs voitures immatriculées. Il y a des ménages aussi qui ont plus d’argent et qui peuvent avoir, parfois, trois autos dans le garage. Ça ne veut pas nécessairement dire qu’il y a plus d’autos sur nos routes», a-t-il nuancé.
RYTHME MOINS SOUTENU DEPUIS 5 ANS
En décortiquant les statistiques des 10 dernières années, on s’aperçoit aussi que le parc automobile a crû beaucoup plus rapidement de 2007 à 2011 que de 2012 à 2016. À titre d’exemple, le nombre de véhicules de promenade a augmenté de 9,7 % dans la première moitié de cette décennie dans la Capitale-nationale contre 5,2 % dans la deuxième moitié.
De 2015 à 2016, le parc automobile de la grande région de Québec a augmenté au même rythme que celui de l’ensemble de la province (+1,6 %). Par ailleurs, la voiture (berline, coupé, etc.) poursuit son lent déclin au Québec depuis 2010 (-3 %), alors que le nombre de camions légers a littéralement explosé (+61 %).