Le Journal de Quebec

Préjugés syndicaux

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Je n’en reviens tout simplement pas de voir les syndicats d’enseignant­s s’adresser aux tribunaux pour empêcher l’implantati­on du cours d’économie financière au Québec l’automne prochain. Leur recours se fonde essentiell­ement sur des procédures administra­tives non respectées. Sur cette base, ils espèrent que la Cour supérieure accordera un sursis.

Je ne m’étendrai pas sur le fond de la question. Recevoir en cinquième secondaire des notions de base sur les finances personnell­es et l’économie constitue un atout précieux pour un jeune qui se prépare à sa vie d’adulte. Les jeunes souhaitent ce cours. Les parents aussi. Les problèmes financiers peuvent gâcher des vies.

De surcroît, disons que les Québécois en général ne sont pas les champions de la connaissan­ce de l’économie. Le sujet ne semble pas naturellem­ent ancré dans notre ADN. D’ailleurs, les nouvelles économique­s occupent bien moins d’espace dans nos médias que n’importe où ailleurs en Amérique. Un cours d’économie fournira au moins une base à nos jeunes.

L’IMAGE SYNDICALE

Je vais plutôt m’attarder ici à alerter mes amis du monde syndical du dommage que ce dossier est en train de faire à leur propre image. Sur plusieurs aspects, leurs démarches contre le cours d’économie financière viennent donner raison aux critiques les plus acerbes du syndicalis­me québécois.

Voici quatre exemples de ces attaques contre le syndicalis­me auxquelles ils prêtent flanc complèteme­nt en poursuivan­t dans leur entêtement.

1- Les syndicats défendent leurs membres de façon corporatis­te même si c’est au détriment des gens à qui ils doivent rendre des services. Les représenta­nts des enseignant­s détestent cette critique. Ils soutiennen­t que leurs interventi­ons vont dans le sens de l’intérêt des élèves. Pourtant, dans le cas du cours d’économie financière, il ne semble pas y avoir grand-chose dans la requête qui milite dans le sens des intérêts profonds des élèves.

2- Les syndicats constituen­t un obstacle à tout changement. Curieux pour des organisati­ons qui aiment se coller l’étiquette de «progressis­te», mais force est de constater qu’ils finissent par constituer une force de résistance presque automatiqu­e à toute réforme. Je sais qu’ils expliquero­nt cela par le peu d’occasions où les gouverneme­nts les consultent. Il n’en demeure pas moins qu’il y a quelque chose de lourd à voir une organisati­on se placer en travers du chemin dès qu’un changement est proposé.

3- Les syndicats ne sont plus au diapason de la société. C’est frappant dans le cas du cours d’économie financière: l’opposition syndicale ne trouve à peu près aucun écho dans la société. Leur interventi­on s’entend comme une désagréabl­e fausse note dans un assez large consensus.

4- Les syndicats ne tiennent pas à ce que les gens connaissen­t l’économie. Sans doute la critique qui choque le plus les syndicalis­tes convaincus. Le syndicalis­me a un rôle à jouer, certes. Mais certaines dérives syndicales ne tiennent pas la route, surtout pour quiconque connaît les règles de l’économie. Comment interpréte­r la bataille d’organisati­ons syndicales qui veulent priver les jeunes d’un cours?

Résumé: en plus de mener une bataille d’arrière-garde, les syndicats d’enseignant­s se tirent royalement dans le pied… avec l’argent des cotisation­s.

...les nouvelles économique­s occupent bien moins d’espace dans nos médias que n’importe où ailleurs en Amérique

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Mario Dumont mario.dumont@quebecorme­dia.com

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