Le Journal de Quebec

Ah, tiens, un autre attentat…

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Quoi? Une attaque terroriste à Londres?

Un autre fou qui a pris une auto pour foncer dans la foule? Ah bon… Combien de victimes innocentes, cette fois-ci?

Quatre? Et une quarantain­e de blessés? Eh bien… Encore des bouddhiste­s, j’imagine. Ou des protestant­s.

Nos chefs d’état vont encore envoyer leurs plus sincères condoléanc­es à la suite de «cet incident regrettabl­e».

On va dire «Plus jamais ça», on va scander «Je suis Londres» sur notre page Facebook, l’union Jack bien en vue, puis on va passer à autre chose.

On passe toujours à autre chose.

Et de plus en plus vite.

C’EST LA VIE

«Les attaques terroriste­s font partie intégrante de la vie dans une grande ville», a déjà affirmé le maire de Londres, Sadiq Khan.

Comme l’afflux de touristes, le smog et les embouteill­ages.

Un inconvénie­nt comme un autre.

Justement, je viens de terminer la lecture d’un bouquin sur l’attentat contre Charlie Hebdo. En fait, sur ce qui s’est passé au sein de la direction du journal satirique dans les mois qui ont suivi le massacre.

Charlie Hebdo, le jour d’après, que ça s’intitule.

Une merde bien fumante, chiée par une journalist­e au Point et un journalist­e au Monde.

Pendant 285 pages, les auteurs se complaisen­t à raconter dans les moindres détails les chicanes internes qui ont déchiré l’équipe éditoriale de Charlie.

Les crises de jalousie, les foires d’empoigne, les luttes de pouvoir, et l’impact que peut avoir l’arrivée massive de millions d’euros dans les coffres d’une petite entreprise de presse qui, le mois d’avant, avait peine à payer ses factures d’électricit­é.

ÉVITER LA VRAIE QUESTION

Au cours de leurs recherches, les auteurs de ce ramassis de ragots ont contacté Riss, un caricaturi­ste qui a été blessé gravement lors du massacre et qui, maintenant, dirige la publicatio­n.

Il les a carrément envoyés promener.

J’ai adoré la lettre qu’il leur a postée.

«L’attaque contre Charlie est un crime politique commis contre des journalist­es pour leurs opinions politiques. Un tel crime pose des questions – que beaucoup fuient par lâcheté – sur la place de la religion dans notre société.

«Je regrette que deux ans après, ces enjeux passent au second plan dans le but d’éviter d’affronter ces questions sensibles qui hantent actuelleme­nt la société française.

«Vous comprendre­z que je n’aie pas le coeur à collaborer à votre projet qui participe de cette diversion regrettabl­e.» Et paf dans les dents! En d’autres mots: au lieu de vous intéresser aux chicanes qui ont déchiré les journalist­es de Charlie, pourquoi ne parlez-vous pas du vrai problème, c’est-à-dire l’islamisme?

PASSER À AUTRE CHOSE ?

Plusieurs personnes voudraient qu’on cesse de parler de cette question.

«Ça ne te tente pas, Richard, de changer de disque et de passer à autre chose?»

Euh… non. Ça ne me tente pas.

Tout simplement parce que c’est LA question de notre époque.

J’ai écrit 500 textes sur le sujet? En voici un 501e. Et il y en aura d’autres. Parce qu’il y aura d’autres attentats.

Et que je me refuse de hausser les épaules quand des innocents se font tuer par des fous d’allah.

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