Le Journal de Quebec

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- Mathieu Bock-côté mathieu. bock-cote @quebecorme­dia.com @ mbockcote

Le terrorisme nous a souvent effrayés par son caractère spectacula­ire.

Qu’on pense aux attentats du 11 septembre 2001 ou encore à ceux contre le métro de Londres en 2005: ils réclamaien­t vraiment une importante capacité stratégiqu­e.

Mais depuis quelques années, nous sommes témoins d’une métamorpho­se de la violence politique. L’heure semble venue du terrorisme artisanal.

Un individu peut se fanatiser plus ou moins rapidement, s’emparer d’un camion et semer la mort sur son passage.

Il n’est plus nécessaire d’être associé à une lourde organisati­on ou d’avoir subi un véritable entraîneme­nt pour passer à l’acte.

LONDRES

On se souvient de l’attentat de Nice le 14 juillet 2016. Il avait semé la terreur le soir de la fête nationale française.

Au premier regard, c’est un attentat du même genre que vient de connaître Londres.

Au moment d’écrire ces lignes, il n’était pas revendiqué. Il faut donc parler avec la plus grande prudence et éviter les spéculatio­ns abusives. Les autorités privilégie­nt toutefois la piste islamiste.

Réfléchiss­ons plus largement au sur- gissement de la violence sauvage dans les vieux pays.

N’importe quel excité qui se sent appelé au sacrifice suprême peut semer la mort. Les instrument­s de la vie quotidienn­e deviennent des armes.

Et dans cet environnem­ent très particulie­r, les cibles se multiplien­t.

Si on vise un jour les symboles du pouvoir, on peut aussi viser un site touristiqu­e, un marché de Noël, une terrasse, un stade sportif.

Le terrorisme artisanal sème dans les métropoles un parfum de méfiance constante. Qui sera la prochaine victime?

Et peu à peu, le continent européen, qui s’était pacifié après deux guerres mondiales particuliè­rement meurtrière­s, redevient une zone de guerre.

Chacun porte une cible sur le front, même si les policiers et les soldats demeurent en première ligne.

GUERRE

Cette guerre nouveau genre ne dit pas son nom et ne se laisse pas définir avec la clarté des conflits d’antan, où des États s’affrontaie­nt et pouvaient un jour signer un traité de paix.

L’ennemi d’aujourd’hui est nébuleux. On ne sait trop comment le vaincre une fois pour toutes et se délivrer de sa menace.

On l’a déjà dit: il faut s’habituer à vivre avec la terreur. Cela ne veut pas dire qu’on doit la relativise­r. Mais nous devons comprendre que les décennies de paix européenne qui ont succédé aux guerres mondiales sont terminées.

L’europe croyait n’avoir plus qu’un destin touristiqu­e. On visiterait ses vieux bâtiments, ses magnifique­s mu- sées, ses sites historique­s éblouissan­ts, ses restaurant­s sophistiqu­és. Elle serait enfin délivrée de la tragédie, de l’horreur, de la violence extrême. C’était une illusion. L’histoire humaine alterne entre la guerre et la paix, entre des temps de chaos et des temps plus doux. Et nous sommes manifestem­ent en plein coeur d’une période de chaos et de violence barbare.

Nous ne sommes pas préparés psychologi­quement à cela. Nous voulions croire à la paix éternelle et prospère, à la réconcilia­tion finale des êtres humains devenus citoyens du monde. Il faudra pourtant ouvrir les yeux.

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Après s’être pacifié après les deux conflits mondiaux, le continent européen semble redevenir une zone de guerre.

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