Le MTQ encore sur la sellette
Il est incapable d’assurer la saine gestion des contrats publics, selon la VG
Le MTQ est perdu dans un dédale bureaucratique qui le rend incapable d’assurer la saine gestion des contrats publics, dévoile la vérificatrice générale.
«Dans les faits, chaque fois qu’un problème est soulevé, le ministère répond à celui-ci en mettant en place de nouveaux contrôles», écrit Guylaine Leclerc dans un rapport déposé hier.
Cette toile d’araignée d’ordres et de directives nuit au MTQ. «Il y a tellement de mailles au filet qu’on alourdit indûment le processus», affirme-t-elle dans cet audit, commandé par le gouvernement à la suite des révélations de l’analyste Annie Tru- del. Mme Trudel avait été embauchée par l’ancien ministre Robert Poëti pour surveiller les activités du ministère.
POLITIQUES ET DIRECTIVES
Conséquence: le MTQ se retrouve aujourd’hui avec 4 politiques; 21 directives; 45 procédures; 79 formulaires; 46 devis types; 11 guides et manuels techniques; et 29 notes d’orientation. Ironiquement, cette «démarche organisationnelle» provient du plan de modernisation de l’état québécois «Briller parmi les meilleurs», amorcé en 2004, qui n’a «toujours pas donné de résultat».
L’audit de la VG fait encore mal paraître le MTQ, qui vient de passer une semaine sur la sellette en raison du fiasco de l’autoroute 13. Malgré la «complexité de la structure en place» pour gérer les contrats, le ministère se concentre surtout à vérifier si les documents sont bien signés et si les dates sont réglementaires, tout en négligeant «l’efficience du proces- sus et la surveillance des marchés». Elle blâme aussi la haute direction du MTQ et le comité d’audit interne.
La structure kafkaïenne du MTQ est si lourde que le délai pour avoir des réponses sur la validité des contrats est de 44 jours, alors qu’il devrait être de 10 jours.
« MULTIPLICATION DES CONTRÔLES »
Pour illustrer la «multiplication des contrôles» qui ne sont pas toujours efficaces, un extra de 10 % accordé sur une charge de 100 000 $ doit être: préparé par l’ingénieur; approuvé par le chef de service et des ressources territoriales; approuvé par la Direction générale adjointe à la coordination des ressources territoriales; transmis au Service de l’observation des règles contractuelles; signé par le sous-ministre.
«Il y a la déresponsabilisation qui arrive lorsqu’on a autant de paliers d’autorité», juge Mme Leclerc.