Le « Trumpcare » sur la corde raide
En forçant un vote sur la réforme de la santé au Congrès, l’administration Trump joue gros. Des républicains dissidents pourraient infliger une première défaite majeure au président.
Depuis longtemps, les républicains promettent de renverser la réforme Obamacare, qui a permis à des millions d’américains d’obtenir une assurance-maladie tout en réduisant le rythme d’augmentation des coûts. Ce système n’est pourtant pas sans failles et parmi les pistes de solutions qui s’offrent pour le redresser, aucune n’est facile.
DEUX SOLUTIONS PARTISANES IMPOSSIBLES
S’il n’en tenait qu’à eux, les démocrates adopteraient certains correctifs pour contrôler les coûts des assurances, y compris une option publique, mais cela serait inadmissible pour les républicains.
Idéalement, les républicains préféreraient abroger la loi existante et proposer une réforme conservatrice, fondée sur la logique du marché, le retrait de l’état et la déréglementation. Pour y arriver, toutefois, ils devraient convaincre sept sénateurs démocrates de saborder l’obamacare, ce qui est impensable.
UN COMPROMIS BOITEUX
L’american Health Care Act, qui devrait passer un premier vote à la Chambre des représentants aujourd’hui, est un compromis qui, pour des raisons procédurales, pourrait passer sans vote démocrate.
L’AHCA conserve plusieurs éléments interventionnistes de la loi de 2010, mais vise surtout à réduire les taxes instaurées pour financer la réforme, qui touchent d’abord les mieux nantis.
Selon le Congressional Budget Office, cette loi réduirait les dépenses publiques en santé, mais au prix d’une perte d’assurance pour 14 millions de personnes dès 2018 et jusqu’à 24 millions d’ici à 2026. Pour les plus démunis, les primes augmenteraient considérablement. Ironiquement, les plus durement touchés seraient des partisans types de Trump.
Bref, L’AHCA représente un pari très risqué politiquement pour les républicains.
DES FAILLES DANS LE BLOC RÉPUBLICAIN
Le président défend fermement L’AHCA, mais personne ne croit que ce plan pourrait remplir les promesses mirobolantes de Trump d’assurer tout le monde à moindre coût.
Trump défend rarement la substance de la loi. Son argumentation se résume à dire que l’obamacare est mauvais, que ceux qui s’opposent à lui pourraient le regretter et, surtout, que les républicains et lui-même doivent continuer de «gagner». Puisque tous les démocrates s’y opposent, il faudrait 22 votes républicains contre à la Chambre et 3 au Sénat pour stopper L’AHCA. Les opposants incluent une trentaine de représentants et quelques sénateurs qui considèrent que la loi est trop semblable à celle de 2010. Pour eux, rien de moins qu’une abrogation totale de l’obamacare n’est acceptable.
Un vote favorable reste possible aujourd’hui, mais de nombreux autres obstacles rendent l’adoption de ce qui deviendrait le «Trumpcare» encore improbable.
Si L’AHCA échoue, bien des républicains seront sans doute soulagés de faire campagne en 2018 sans avoir à défendre la perte d’assurance de millions de leurs électeurs.
Pour Donald Trump, une défaite signifierait que certains membres de son parti lui tournent le dos tandis que les scandales qui l’entourent s’accumulent et que son approbation dans l’opinion publique demeure historiquement faible. La pente sera difficile à remonter.
Personne ne croit que ce plan pourrait remplir les promesses mirobolantes de Trump d’assurer tout le monde à moindre coût