Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­TS

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Suis-je en train de me tromper?

Je suis un homme avec des valeurs qui me viennent de mes parents : respect mutuel, amour, charité et aide à son prochain, travail bien fait et aptitude à la fraternité. Il y a quelque temps, j’ai fait la connaissan­ce d’une femme qui m’a invité chez elle pour un café et avec qui j’aurais eu envie de nouer une relation. Sauf que cette personne qui possède quatre chats et deux chiens leur a accordé, ainsi qu’à son ex-conjoint qui s’est arrêté pendant que j’étais là, la totalité de son attention, comme s’ils étaient le centre de sa vie. Alors que moi, l’homme de passage, je fus relégué au rang de figurant.

Depuis ce jour, même si elle m’a téléphoné à plusieurs reprises pour m’inviter, j’ai refusé. Ce qu’elle m’a fait vivre ne ressemble pas du tout à ce que j’attends d’une relation amoureuse. J’aime les animaux, mais je ne supportera­is pas que mon épouse leur donne la priorité absolue. Comme j’entends bien avoir des enfants, ça passerait aussi avant les animaux de compagnie. Que pensez-vous de ma situation? Moi qui vit à peu près seul depuis le décès de mes parents? Suis-je trop exigeant? Aurais-je perdu le sens du partage? Serais-je devenu exclusif?

Penséedujo­ur Le bonheur vient de l’attention aux petites choses, et le malheur de la négligence des petites choses. – Liu Hiang

Philippe

Vous savez que la première impression qu’on se fait de quelqu’un est malheureus­ement, souvent la bonne. L’idée que vous avez de cette personne me semble la seule à avoir dans les circonstan­ces. Car se retrouver à jouer le rôle de la cinquième roue d’un carrosse dès la première rencontre, donne une idée assez précise du peu d’importance qu’on revêt à ses yeux. Désolée, mais si j’étais vous, je n’insisterai­s pas.

L’art d’aider les autres

Je me pose beaucoup de questions sur moi depuis quelque temps et j’aurais besoin de vos lumières pour comprendre comment les choses ont pu déraper ainsi. J’avais toujours eu l’impression d’être une personne que les gens appréciaie­nt. On me demandait souvent conseil, et je m’étais toujours empressée de répondre au meilleur de ma connaissan­ce, avec le sentiment que les gens appréciaie­nt les propositio­ns que je leur faisais. Ils ne les mettaient pas toujours en pratique, mais me donnaient l’impression qu’elles leur avaient servi à quelque chose.

Puis avec le temps, je me suis rendu compte qu’on abusait de moi. J’étais toujours celle à qui on s’adressait en temps de crise, et c’était toujours moi aussi, qui allais au bâton pour les aider à régler leurs problèmes. Que je sois en mesure ou pas de les conseiller, je me lançais sans penser aux conséquenc­es, car le besoin d’aide était là devant moi à attendre une solution. Il m’est peutêtre arrivé de me tromper, mais qui ne se trompe pas?

C’est vrai aussi qu’avec le temps, je suis devenue de plus en plus directe et tranchante. Surtout avec ceux et celles qui revenaient sans cesse avec le même problème non résolu. Mais n’est-ce pas ça le rôle d’un conseiller? Ne doit-il pas pointer les failles des demandeurs pour les forcer à être plus exigeants envers eux-mêmes? Je veux bien donner de mon temps pour trouver des solutions, mais il faut que ça serve à quelque chose, sinon c’est du temps perdu. Surtout pour moi.

Pourquoi les gens me mettentils désormais de côté? Pourquoi ne suis-je plus celle à qui on s’adresse en premier lors d’une situation problémati­que? Pensez-vous que les gens prennent de moins en moins le fait de se faire dire leurs vérités en pleine face? Une qui trouve les gens bien moumounes

Il manque un bout dans votre lettre, ce qui rend difficile une réponse adéquate. Mais je me demande si le fait de vous être sentie abusée par les autres ne vous a pas rendue trop directe justement. Il y a bien des façons de dire leurs vérités aux gens, mais un minimum de délicatess­e est toujours nécessaire pour que celles-ci puissent passer.

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