Le Journal de Quebec

Les secrets de la meilleure prof au monde

Maggie Macdonnell, qui travaille Au Nunavik, A reçu il y A quelques jours le titre de la meilleure prof Au monde

- Daphnée Dion-viens l daphneedv

Maggie Macdonnell, qui enseigne À de jeunes Inuits dans une école du Nunavik, fait de petits miracles Au quotidien. Dans une Communauté ravagée par la détresse menant trop souvent Au suicide, elle insuffle l’espoir À des jeunes qui s’y Accrochent.

Il y a quelques jours, elle a reçu le «prix Nobel de l’enseigneme­nt», qui fait d’elle la meilleure prof au monde parmi 20 000 candidatur­es reçues provenant de 179 pays. Au cours d’un entretien avec Le Journal, elle parle avec passion des projets réalisés avec ses élèves, «les véritables aurores boréales» du Nord, et des secrets de son succès.

Parlez-moi d’abord du village où vous enseignez, Salluit, qui est le deuxième plus Au nord du Québec…

C’est un petit village de 1400 personnes, accessible seulement par avion ou par bateau l’été, pendant une courte pé- riode. L’école où je travaille s’appelle Ikusik où il y a environ 200 élèves, de la cinquième année jusqu’en cinquième secondaire. Le véritable défi est d’amener les jeunes à rester sur les bancs d’école puisque le taux de décrochage est très élevé (73 %), à cause de nombreux problèmes sociaux avec lesquels les jeunes doivent composer.

Quels sont Ces problèmes Au quotidien ?

La situation découle de décennies de traumatism­es intergénér­ationnels, à la suite de la colonisati­on. Les jeunes doivent naviguer avec un manque de ressources au quotidien et il y a beaucoup de déchirures dans le tissu social de la communauté. Les jeunes sont en pleine crise d’identité, qui se manifeste de façon tragique par des vagues de suicides. À Salluit, il y a eu dix suicides en deux ans. J’ai moi-même perdu des élèves.

Dans Ce Contexte très difficile, Comment voyez-vous votre rôle d’enseignant­e À Salluit ?

L’approche que j’utilise est basée sur le développem­ent communauta­ire. Avec l’aide de la commission scolaire, nous avons formé plusieurs élèves qui ont participé à un programme de prévention du suicide à l’école. Il n’y a pas assez de travailleu­rs sociaux ou d’appuis dans la communauté et, souvent, ce sont les adolescent­s et les jeunes qui doivent aider leurs pairs.

Quels sont les projets que vous Avez mis sur pied Au Cours des dernières Années ?

En collaborat­ion avec la municipali­té et mes élèves, nous avons mis sur pied un centre de conditionn­ement physique. Il est situé au deuxième étage de l’aréna. L’endroit est ouvert tous les soirs et nous avons de 25 à 50 personnes qui l’utilisent chaque jour. C’est là aussi qu’est basé le club de course à pied de Salluit dont font partie des élèves que j’entraîne, qui ont participé à des compétitio­ns nationales et internatio­nales. Le sport est aussi un outil extraordin­aire pour gérer le stress et qui donne aux jeunes d’autres alternativ­es que l’alcool et la drogue.

Vous Avez Aussi Créé, en Collaborat­ion Avec la Commission scolaire, un programme particulie­r pour les jeunes filles À risque de décrocher…

L’objectif de ce programme est de leur permettre de vivre des expérience­s concrètes et de leur redonner confiance. Mes élèves participen­t à des projets comme la préparatio­n de collations nourrissan­tes pour les élèves ou de repas pour les aînés. Elles organisent des soirées cinéma pour la communauté ou travaillen­t dans une garderie. Mes élèves ont même travaillé à l’organisati­on de la dernière élection fédérale. Elles ont fait un super boulot et ce fut une expérience extraordin­aire pour elles.

Qu’est-ce qui explique que vous vous investisse­z tant Auprès des jeunes ?

J’aime mon travail et mes élèves sont très importants pour moi. Je me donne à 100 % parce que le manque de ressources est criant, partout.

En terminant, quel est selon vous le secret de votre succès ?

Je dirais que j’arrive à bâtir de véritables relations avec mes élèves. Nous avons accompli des choses incroyable­s ensemble. Tout est possible pour eux, il faut seulement mettre les ressources adéquates et des gens passionnés à leur côté.

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Maggie Macdonnell redonne espoir à des jeunes du Nunavik.
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