Contrat sans appel d’offres à Air Inuit
Le concurrent Chrono Aviation met le gouvernement en demeure après l’octroi du mandat de 179 M$ Nicolas Saillant
L’entreprise Air Inuit a discrètement décroché un pactole de 179 M$ dans le cadre d’un contrat négocié de gré à gré avec le réseau de la santé. Ce contrat est contesté par une autre entreprise d’aviation qui a déposé une mise en demeure.
La situation est «aberrante» aux yeux des entreprises concurrentes qui se disent convaincues de pouvoir offrir le même service à un meilleur coût pour le portefeuille des contribuables québécois.
Afin de soigner les citoyens québécois de l’ouest du Nunavik (baie d’hudson) qui ont besoin de soins plus spécialisés, des centaines de transports aériens sont effectués chaque année des villages inuits vers le Module du Nord québécois à Montréal qui offre des services pendant les traitements.
Depuis plusieurs années, Air Inuit obtient ce mandat pour transporter les patients des sept villages du centre de santé d’inuulitsivik vers Puvimituq, où se trouve le plus gros hôpital, et de Puvimituq vers Montréal, lorsque les soins le nécessitent.
INTÉRÊT PUBLIC
Un nouveau contrat de six ans a été signé le 1er octobre dernier et «négocié de gré à gré directement» entre l’entreprise aérienne et le centre de santé.
Ce contrat peut atteindre 30 millions $ par année, selon l’avis qui a finalement été publié sur le site SEAO le 31 janvier, quatre mois après la signature.
Le ministère justifie le contrat signé de gré à gré par le fait que «la compagnie Air Inuit est la seule pouvant offrir le service de transport de passagers et de biens dans l’ensemble des sept communautés inuites du Centre de santé Inuulitsivik».
Dans la description du contrat, le centre de santé affirme qu’«un appel d’offres public ne servirait pas l’intérêt public», notamment parce que des vols nolisés coûteraient plus cher.
CONCURRENCE POSSIBLE
Cet argument fait bondir les propriétaires d’entreprises aériennes du Sud contactés par Le Journal qui déplorent l’absence de mise en concurrence pour ce service payé par l’ensemble des Québécois.
«Ils ont juste à me donner l’opportunité de soumissionner et on va avoir un meilleur prix que ça s’est sûr», indique Jacques Prud’homme, PDG de Nolinor, qui déplore le «deux poids deux mesures avec les entreprises autochtones».
«Allez en appel d’offres et vous verrez! Au pire, ça rendra Air Inuit juste plus compétitif», plaide Vincent Gagnon de Chrono Aviation qui a même déposé une mise en demeure contre le centre de santé.
Le ministère de la Santé réplique en affirmant que les «organisations publiques du Nunavik doivent favoriser les entreprises inuites».