Le Journal de Quebec

Une promesse trois fois brisée

- Mario Dumont mario.dumont@quebecorme­dia.com

La poussière retombée sur le deuxième budget du gouverneme­nt Trudeau, une seule chose importante nous reste: le déficit est imbriqué dans les finances du Canada pour longtemps. Ce n’est pas qu’une situation passagère. Revenus moins dépenses, le Canada arrive dans le rouge et vit au-dessus de ses moyens.

Je résume la promesse libérale : une fois élu, le gouverneme­nt devait recourir à de modestes déficits, de façon temporaire, pour des mesures structuran­tes pour l’économie.

Les prévisions de déficit pour les six prochaines années ont toutes été largement revues à la hausse par le ministère des Finances. Aucun scénario de retour éventuel à l’équilibre budgétaire ne point à l’horizon.

Le premier ministre avait bien sûr annoncé en campagne électorale son intention de retourner aux déficits pour financer son programme. Il l’avait fait en toute transparen­ce et avait, du même coup, démontré un certain courage en étant le seul chef de parti à défendre cette position.

Cependant, il n’y a aucune commune mesure entre l’engagement électoral maintes fois répété par Justin Trudeau en 2015 et la réalité telle qu’elle se présente dans le budget de mercredi. Il trahit sa promesse trois fois, et sur des aspects qu’on peut difficilem­ent qualifier d’insignifia­nts.

Je résume la promesse libérale: une fois élu, le gouverneme­nt devait recourir à de modestes déficits, de façon temporaire, pour des mesures structuran­tes pour l’économie. Si le gouverneme­nt considère avoir un mandat pour faire des déficits, c’est suivant ces termes que la population avait choisi de suivre Justin Trudeau.

MODESTE ?

Appelé à préciser sa notion de déficit «modeste», le chef libéral avait fini par laisser circuler le chiffre de dix milliards comme étant l’ordre de grandeur. À près de 30 milliards, on a multiplié ce chiffre par trois. Sur la base des prévisions révisées, nous savons maintenant que, pour toute la durée du mandat, le déficit va osciller entre 25 et 30 milliards.

Si par malheur le Canada devait traverser une récession, le déficit échap- perait vite à tout contrôle dans les conditions actuelles. Loin d’être modeste, il deviendrai­t du jour au lendemain monstrueux.

TEMPORAIRE ?

Selon les discours de la campagne électorale, le recours à des déficits devait se limiter aux trois premières années du mandat. Le but était de retrouver l’équilibre budgétaire à la fin du mandat. Moins de deux ans plus tard, nous nous retrouvons sur une autre planète.

Il n’existait déjà pas de plan de retour à l’équilibre dans le budget de l’an dernier. Mais avec les nouveaux chiffres, très pessimiste­s jusqu’en 2022, les scénarios de retour à un budget équilibré ne sont pas même envisageab­les dans un avenir prévisible.

Un rapport du ministère des Finances coulé discrèteme­nt en plein temps des Fêtes évoquait même des déficits au Canada jusqu’en 2050!

MESURES STRUCTURAN­TES ?

Voici l’autre considérat­ion importante: on ne devrait jamais emprunter pour payer les dépenses courantes. Justin Trudeau s’était engagé à ne recourir à la carte de crédit que strictemen­t pour des mesures stratégiqu­es pour l’économie, des infrastruc­tures notamment.

Nous savons maintenant que les dizaines de milliards d’emprunts ne se limitent pas à des mesures structuran­tes. Les libéraux dépensent allègremen­t autant pour embaucher de nouveaux fonctionna­ires que pour exprimer leur amour à Radio-canada.

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