Déclinaisons d’une rencontre amoureuse
Constellations visite les possibilités multiples d’une situation
Chaque situation de vie présente une multitude de possibilités. Constellations explore celles qui sont mises de côté et qui continuent d’évoluer dans des univers parallèles.
À l’affiche au Trident jusqu’au 2 avril, la pièce du Britannique Nick Payne, mise en scène par Jean-philippe Joubert, aborde la rencontre d’un homme et d’une femme qui font connaissance lors d’un BBQ chez des amis.
Philippe est apiculteur. Marianne est une scientifique spécialisée en physique quantique.
Constellations raconte quelques tranches de vie de ce duo, joué par Christian Michaud et Valérie Laroche, qui se découvre, devient un couple, est frappé par la maladie et vit une séparation.
ÉCLAIRAGES GÉNIAUX
Seuls sur un vaste plateau de jeu circulaire, les deux comédiens jouent et rejouent des moments de vie qui, selon les décisions prises, évoluent différemment. On présente plusieurs déclinaisons d’une même situation. Comme si on roulait un dé 60 000 fois, précise un des personnages.
Lors de leur première rencontre, Philippe précise qu’il est en couple, qu’il n’est pas libre et quelques instants plus tard, la scène est rejouée et il est maintenant disponible. Les liens se tissent. La relation évolue.
L’approche est intéressante, même si elle devient parfois un peu répétitive. Les éclairages de Sonoyo Nishikawa sont géniaux, avec des effets lumineux saccadés où les ombres des personnages tournoient comme les aiguilles d’une horloge, identifiant le passage du temps.
LES LIMITES
Courte bulle théâtrale de 70 minutes, les avenues parallèles de Constellations s’imbriquent à certains moments.
Les passages qui abordent l’infidélité, l’amusante demande en mariage, l’arrivée de la maladie et le suicide assisté, déclinés sous toutes ses formes, sont les moments les plus touchants et intéressants, où l’on ressent les émotions qui traversent Philippe et Marianne.
Les segments avec de la danse, qui sont peut-être un peu trop présents et qui deviennent répétitifs, sont bien chorégraphiés et allègent certaines zones de tension. On retrouve même une incursion dans l’univers du langage avec des signes.
Constellations est, par sa proposition qui sort du cadre traditionnel, une expérience théâtrale intéressante. Les comédiens Christian Michaud et Valérie Laroche, qui ont une belle complicité, sont en contrôle et habitent bien leurs personnages, mais l’objet théâtral perd un peu de sa force dans un lieu aussi vaste que la salle Octave-crémazie et avec une forme minimaliste qui atteint rapidement ses limites. Constellations est présentée jusqu’au 2 avril au Trident.