ils ont vaincu le cancer et changé leur philosophie de vie
5 témoignages inspirants
La naissance de son premier enfant a donné à Marc Hurtubise le courage de combattre le cancer de plein front à l’âge de 47 ans, une expérience difficile qui a profondément transformé sa vie... pour le mieux.
«Ç’a été épouvantable et extrêmement souffrant. Mais il y a plus de positif que de négatif qui est sorti de ça finalement, assure M. Hurtubise, qui a maintenant 53 ans. J’aime beaucoup plus la personne que je suis aujourd’hui. Mes priorités ont changé.»
Le golfeur professionnel au club de golf de Chambly a appris en 2010 qu’il était atteint d’un cancer des amygdales. Les traitements pour en venir à bout sont intenses et douloureux et durent plusieurs semaines ( voir autre texte).
Près de la moitié des patients doivent entre autres subir une trachéotomie pour pouvoir respirer, car la radiothérapie brûle littéralement les voies respiratoires.
«Le médecin m’a dit que je risquais aussi de devoir être gavé avec un tube pour manger et d’être marqué à vie dans le cou comme un grand brûlé... Je n’étais pas certain de vouloir vivre ça», admet-il.
PREMIER ENFANT
Mais une bonne nouvelle est venue changer le portrait négatif à la suite de l’annonce de son cancer. Sa femme Nancy et lui avaient perdu tout espoir d’avoir un jour un enfant après avoir essayé pendant plusieurs années sans succès. Et comme la radiothérapie peut causer des malformations chez les enfants, le dossier était définitivement clos, dit M. Hurtubise.
«Mais deux semaines avant de commencer mes traitements, Nancy est tombée enceinte, raconte le père de la petite Léonie, qui a maintenant 5 ans. C’est quoi les chances que ça arrive? C’était un cadeau dans la maladie qui m’a donné la force de rester positif dans l’enfer qui s’en venait».
Car ce fut véritablement l’enfer, raconte-t-il. Son défi quotidien était d’être capable de prendre une gorgée d’eau et de manger, sous forme liquide.
«Je passais toute ma nourriture au blender. Ma femme pleurait de me voir essayer de manger. Mais j’y tenais», dit-il.
Nancy Lacelle a le coeur gros quand elle parle de la douleur qu’a dû supporter son conjoint. «Mais je sentais Marc très combatif et il ne se plaignait jamais», dit-elle.
M. Hurtubise garde encore aujourd’hui plusieurs séquelles, dont un dérèglement de la glande thyroïde qui lui cause de la fatigue et des problèmes de concentration. Il doit prendre des médicaments pour compenser.
DIFFICULTÉS FINANCIÈRES
Entrepreneur autonome, le golfeur a aussi éprouvé des difficultés financières pendant la maladie. Couvert par une assurance liée à l’association des golfeurs professionnels du Québec, qui a fait faillite l’an dernier, il n’a fi- nalement pas reçu d’aide, car il a dépassé le délai prévu par l’assureur pour réclamer des fonds. «Quand j’ai su que j’étais admissible, j’ai rempli les papiers. Mais on m’a dit qu’ils étaient arrivés deux jours trop tard. Je n’ai reçu aucun soutien de mon association», dit-il, en admettant une part de responsabilité.
M. Hurtubise a été forcé de retirer certaines sommes de ses REER et d’accepter de l’aide de son entourage pour tenir le coup.
«J’ai été en arrêt de travail pendant un an, sans revenu», dit-il.
Néanmoins, son année de «retraite fermée» lui a permis d’apprendre à ralentir dans la vie et à devenir une personne qu’il apprécie davantage aujourd’hui.
«Je profite plus des petites choses et du moment présent. Je prends mon temps. Comme un enfant», dit-il, en lançant un sourire à la petite Léonie qui s’amuse dans le salon.
«Tout va tout le temps trop vite. Quand tu t’assois et que tu regardes autour de toi, les gens courent après leur queue. Si ce n’était pas de l’argent, est-ce que l’on courrait autant?» se questionne-t-il.
PROCHES
M. Hurtubise n’en était pas à son premier contact avec la maladie. Son père, non-fumeur, est mort d’un cancer des poumons dans les années 1990. Sa mère a été atteinte du cancer du sein quelques années plus tard. Et sa soeur est décédée d’un cancer généralisé l’an dernier.
Le cancer et la mort n’ont jamais été un sujet tabou pour lui, et il préfère affronter ces réalités de front. Mais il remarque que tous ne sont pas aussi à l’aise avec ces sujets.
«On dirait que ça rend les gens mal à l’aise et qu’ils ne savent plus de quoi parler avec toi. Comme s’ils avaient peur de demander: “Puis comment ça va? As-tu peur de la mort?” Mais pourtant, ça fait aussi partie de la vie, non?», demande-t-il, les yeux clairs et sereins.