Le Journal de Quebec

Parlons d’amour, c’est urgent

- richard Martineau richard.martineau@quebecorme­dia.com

Tout le Québec a été bouleversé par le meurtre ignoble de Daphné Boudreault.

L’enquête du BEI va nous montrer si les policiers ont fait tout ce qu’ils devaient faire pour protéger cette jeune femme de son ex violent qui l’avait déjà menacée à plusieurs reprises…

Mais d’ici là, nous devons tous nous poser une question, une question qui me hante depuis des années…

Pourquoi autant de jeunes femmes s’amourachen­t d’hommes qui les maltraiten­t et les font sentir comme des moins que rien?

VIVRE AVEC SOI

Ça arrive malheureus­ement trop souvent.

Des filles brillantes et allumées qui tombent sous le joug de «bad boys» manipulate­urs qui les détruisent à petit feu – et, parfois, les tuent.

Pourquoi autant de femmes (qui, par ailleurs, peuvent mener une carrière enviable et multiplier les succès profession­nels) ont-elles une aussi mauvaise estime d’elles-mêmes? Qu’est-ce qui cloche? Pourquoi ces femmes acceptent d’être traitées de la sorte?

Pourrait-on parler de ça franchemen­t, ouvertemen­t, sans tabou?

Dire que pendant ce temps, dans les écoles du Québec, on gaspille un temps précieux à «étudier» les superstiti­ons des uns et des autres, sous prétexte d’améliorer le «vivre ensemble»…

Peut-on apprendre à nos enfants à bien vivre avec euxmêmes avant de leur apprendre à vivre avec le monde entier?

Est-ce trop demander?

LES JEUNES SOUFFRENT

Au lieu de parler de religion à l’école, pourrait-on parler d’amour, d’intimité, de respect?

Me semble que c’est autrement plus urgent que de savoir que tel ou tel groupe croit que le monde a été créé par une pieuvre géante ou par une déesse à huit bras qui vit sur un nuage…

Nos enfants souffrent. Émotivemen­t, psychologi­quement et sexuelleme­nt.

Et les nouvelles technologi­es ne font qu’augmenter leurs souffrance­s…

Pourrait-on parler de ça avec eux? En classe?

Avec des spécialist­es qui savent ce qu’ils vivent et qui savent comment leur parler?

L’idée d’introduire un cours qui s’appelle «Initiation à la vie sexuelle» vous agace? Pas de problème. On va appeler ça «Croissance personnell­e». Ça vous va?

On y parlera d’amour, de jalousie, de respect, d’intimité, de sexualité et, surtout, d’estime de soi.

L’amour, c’est bien, mais il faut apprendre à tracer des lignes.

Qu’est-ce qui est acceptable dans une relation? Qu’est-ce qui ne l’est pas? Quels comporteme­nts sont toxiques? Comment reconnaîtr­e un manipulate­ur?

Vivement un cours de « croissance personnell­e » à l’école !

À L’ÉCOLE

Vous me direz que l’école n’est pas la place pour avoir ce genre de conversati­ons. Foutaise. Ces conversati­ons, il faut les avoir en groupe. Que les filles et les garçons parlent ouvertemen­t de ce qu’ils vivent. Qu’ils comparent leurs histoires, qu’ils échangent…

Vous le savez comme moi, ce n’est pas avec papa et maman qu’ils pourront avoir ce genre de conversati­ons…

Trop peur de se faire juger. Et, surtout, de se faire donner la leçon par des vieux schnocks dépassés qui ne savent même pas télécharge­r la dernière version de Wordperfec­t. Nos enfants crient à l’aide. Mais on se bouche les oreilles et on leur enfonce des bondieuser­ies dans la gorge…

Les sexologues ont tout à fait raison d’être en colère. Comme parents, nous avons le devoir de les appuyer.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada