Le Journal de Quebec

Quand le Québec pendouille

- CLAUDE VILLENEUVE eblogueur ∫ des Spin Doctors

S’il y a un certain regain d’intérêt pour la politique fédérale depuis que Justin Trudeau est premier ministre, le budget Morneau de cette semaine nous enseigne qu’il faudra peut-être s’en occuper davantage.

Dans le flot d’argent pour les infrastruc­tures que Justin Trudeau avait promis de faire pleuvoir sur «les Canadianzé­lescanadie­nnes de la classe moyenne», le Québec espérait sa part. Pour le REM et la ligne bleue à Montréal ainsi que le SRB à Québec, on attendait 50 % du financemen­t, pas 40 % pour des projets qui restent à déterminer.

Les ministres Leitao et Moreau, et le maire Labeaume n’ont pas caché leur déception, le dernier proposant, contre mauvaise fortune bon coeur, de couvrir la différence, dans un plaidoyer senti pour le transport collectif.

SIGNAL D’ALARME

Néanmoins, ça mérite qu’on se pose la question suivante: qui parle pour le Québec à Ottawa?

Depuis que Justin Trudeau dit ramener le Canada sur les voies ensoleillé­es, il a voulu marquer un renouveau sur la manière dont se déroulent les rapports entre Québec et Ottawa.

La décision de ne pas identifier de lieutenant pour le Québec dans son équipe devait signifier qu’il prenait luimême la responsabi­lité des relations avec la province souvent rebelle. Le faible poids qu’il lui a donné au cabinet aurait toutefois dû allumer un signal d’alarme.

On se retrouve dans une situation où le Québec pendouille. Privé d’un responsabl­e de ses dossiers à Ottawa, il constate aujourd’hui qu’on a habilement évité d’identifier un répondant qui serait imputable du fait qu’il soit entendu ou pas.

TÊTE DE PONT

Du côté du gouverneme­nt Couillard, on peine à voir qui sert de tête de pont. Qui, parmi ses ministres, est bien connecté à Ottawa et s’assure de faire monter les messages et redescendr­e les enveloppes.

Jean-marc Fournier, ministre des Affaires intergouve­rnementale­s, s’est toujours intéressé davantage aux «gamiques» partisanes et à la défense inconditio­nnelle du Canada qu’à la revendicat­ion et à l’obtention de gains pour le Québec. Au moment où ça devrait être payant pour nous d’avoir un gouverneme­nt fédéralist­e, on n’en re- tire rien.

DEHORS EN DEDANS

Dans un tel contexte, qui peut parler pour le Québec et pour Québec?

À sa nomination, le gentilhomm­e Jean-yves Duclos avait suscité beaucoup d’espoirs. Depuis, le dossier du pont de Québec semble l’avoir brouillé avec Régis Labeaume et il joue presque toujours la trappe.

Le député Joël Lightbound paraît assurément comme une étoile montante du caucus libéral. Un élu ambitieux placé dans un tel contexte fait souvent plus figure de courroie de transmissi­on pour les messages de son chef que ceux de ses administré­s.

Avec pour résultat que le Québec, encore en dedans du Canada dans les faits, mais plutôt en dehors dans sa tête, n’obtient rien alors que la dépense pleut.

Toujours plus loin de l’indépendan­ce, nous préférons pendouille­r à l’intérieur de la fédération.

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