Le Journal de Quebec

Canada Alpin s’excuse auprès des skieuses qui auraient été agressées

Un ex- coach est accusé d’avoir abusé de douze jeunes filles il y a près de 20 ans

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Près de 20 ans après le scandale qui a écarté l’ex-entraîneur Bertrand Charest de l’équipe nationale, Canada Alpin s’excuse auprès des skieuses pour la façon dont la crise a été gérée.

«Moi, personnell­ement, et comme porte-parole de Canada Alpin, oui, on s’excuse de ne pas avoir fait mieux [en 1998]», a déclaré Martha Hall Findlay, en entrevue avec Le Journal.

De passage à Montréal, la vice-présidente du conseil d’administra­tion de Canada Alpin a réagi hier à l’affaire Bertrand Charest, qui fait la manchette depuis plusieurs semaines déjà.

En 2015, le coach déchu a été accusé de 57 chefs d’agression sexuelle et de contacts sexuels alors qu’il se trouvait en position d’autorité à l’égard de 12 jeunes skieuses.

Le scandale avait pourtant éclaté en mars 1998, quand trois athlètes ont affirmé avoir eu des relations sexuelles avec leur entraîneur.

Celui-ci avait alors été écarté de l’équipe sur-le-champ, sans toutefois être congédié.

Charest a démissionn­é quelques jours plus tard.

Le procès de l’homme de 51 ans tire à sa fin, et l’accusé connaîtra son sort le 22 juin prochain, au palais de justice de Saint-jérôme.

MANQUE DE SOUTIEN

Pendant les audiences, des victimes alléguées de Charest ont affirmé ne pas avoir été soutenues en 1998 par l’organisme chapeautan­t leur sport.

L’une d’elles a dit que Canada Alpin l’aurait avertie qu’elle risquait de perdre des commandita­ires si cette affaire devenait publique.

Une autre a mentionné s’être fait promettre que Bertrand Charest ne serait plus jamais entraîneur. Pourtant, les autorités sportives ne lui ont jamais retiré sa licence.

En fait, Canada Alpin n’avait pas le pouvoir de le faire à l’époque, insiste Mme Hall Findlay, précisant que cela a changé depuis.

Mais l’organisme aurait-il pu mieux soutenir ses athlètes? «Est-ce qu’on a bien fait ça il y a 20 ans? C’est clair que ce n’était pas parfait. Estce qu’on le ferait différemme­nt aujourd’hui, oui», a répété Mme Hall Findlay hier, ajoutant que Canada Alpin a fait beaucoup de travail depuis.

D’après la porte-parole, le code d’éthique de l’organisati­on a été grandement amélioré, tout comme les enquêtes pré-embauche, qui sont maintenant obligatoir­es.

Celle qui a elle-même été athlète et entraîneus­e de ski tend aujourd’hui la main aux skieuses des années 1990.

«Elles ont porté plainte après 20 ans par exprès pour éviter qu’il y ait d’autres victimes. C’est aussi le but de Canada Alpin. Si ces femmes ont des avis sur comment on peut s’améliorer encore plus, la porte est ouverte», a souligné Mme Hall Findlay.

PAS AU COURANT

Questionné­e quant à savoir si l’organisme qu’elle représente était au courant des rumeurs d’inconduite sexuelle concernant Bertrand Charest lorsqu’il a été embauché, la vice-présidente de Canada Alpin soutient que non.

«À ma connaissan­ce, l’administra­tion de Canada Alpin ne savait rien. Ce qu’ils ont vu, c’est un coach qui avait du succès avec des athlètes», a noté Mme Hall Findlay.

Des gens qui connaissai­ent Bertrand Charest à l’époque ont bel et bien discuté avec celui qui l’a embauché comme coach de l’équipe nationale junior féminine, confirme la porte-parole.

«Mais il n’y a personne qui a parlé de la question de relation sexuelle avec les athlètes, assure-t-elle. Quelqu’un lui a dit que [Charest] n’était pas bien aimé. Ça, ça arrive.»

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Martha Hall Findlay ne siégeait pas au conseil d’administra­tion de Canada Alpin lors du scandale en 1998. Elle y a été élue en 2013.
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BERTRAND CHAREST Accusé
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Claudia Berthiaume l Cberthiaum­ejdm

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