Le Journal de Quebec

Steve rogers toujours au service des joueurs

Steve Rogers sera présent le 31 mars au Stade olympique afin de participer à l’hommage qui sera rendu à Tim Raines, le nouveaumem­bredu Temple de la renomméedu baseball, avant le premier match opposant les Blue Jays de Toronto aux Pirates de Pittsburgh. L’

- Pierre Durocher l Pdurocherj­dm

L’ancien lanceur étoile des Expos ne manque jamais un rendez-vous lorsqu’il y a un événement spécial de baseball à Montréal, une ville qu’il a toujours fort appréciée.

D’ailleurs, c’est la quatrième année de suite qu’il se déplace de Tulsa jusqu’à Montréal afin d’assister aux matchs préparatoi­res des Blue Jays.

Rogers, pour ceux qui l’auraient oublié ou qui ne se souviennen­t que du coup de circuit fatidique qu’il a accordé à Rick Monday en octobre 1981, est le lanceur dans l’histoire des Expos ayant enregistré le plus grand nombre de victoires, soit 158.

Il est aussi celui qui a récolté le plus grand nombre de retraits au bâton (1621) en 13 ans de carrière à Montréal, soit de 1973 à 1985.

À L’ÉCOUTE DES JOUEURS

Rogers, âgé de 67 ans, travaille pour le compte de l’associatio­n des joueurs depuis 27 ans, dans un rôle de conseiller aux services accordés aux membres.

Il seconde le directeur administra­tif de l’associatio­n, Tony Clark, en plus d’agir à titre de directeur de l’associatio­n des anciens depuis 2003.

«C’est un travail administra­tif qui me plaît bien, a expliqué Rogers au téléphone. J’aime discuter avec les joueurs, être à l’écoute de leurs besoins, essayer de répondre à leurs questions. On tente de régler du mieux qu’on peut les problèmes qu’ils peuvent avoir.

«Je dois m’assurer que les informatio­ns se rendent jusqu’aux joueurs et, surtout, jusqu’aux anciens, qui sont parfois plus difficiles à rejoindre. Ça me tient occupé.»

Comment a commencé cette implicatio­n au sein de l’associatio­n des joueurs?

«J’ai fait mes débuts en 1987, lorsque j’ai été appelé à participer à la rédaction des rapports au sujet des accusation­s de collusion à l’endroit des propriétai­res d’équipe. J’ai travaillé sur ce dossier pendant plusieurs années. Puis, j’ai perdu mon bon ami Mark Belanger en 1998, lorsqu’il est décédé d’un cancer. Donald Fehr m’a alors demandé si j’étais intéressé à m’installer en permanence à New York avec ma famille, question de me rapprocher des bureaux de l’associatio­n des joueurs. C’est une offre que je ne pouvais refuser. J’ai été le bras droit du directeur Michael Weiner durant quatre ans jusqu’à ce qu’il soit lui aussi emporté par un cancer. Ce fut un dur coup. Tony Clark a pris la relève et on a un programme pour les joueurs que je qualifiera­is de très actif. Je suis cependant retourné vivre à Tulsa, en Oklahoma, au cours des dernières années. Je préfère la vie dans mon patelin à celle de New York.»

Quelle importance accordes-tu à ton rôle au sein de l’associatio­n des anciens?

«Je pense qu’il est crucial de s’occuper du régime de retraite des joueurs. C’est un bon programme. Il est important d’aider les joueurs quand arrive la transition entre carrière et après-carrière. Je suis heureux parce que je ne me suis jamais tourné les pouces depuis que j’ai pris ma retraite. Ce n’est pas le cas de tous les anciens.»

Tu as connu les plus belles années des Expos. Quels sont tes meilleurs souvenirs?

«Je dirais que ce fut ma saison recrue en 1973. J’avais fait une entrée remarquée dans les ligues majeures lorsque les Expos m’avaient rappelé de leur club-école en juillet. J’avais remporté 10 de mes 15 départs, tout en présentant une moyenne de points mérités de 1,54. Tout me semblait si facile à mes débuts. Ça m’avait valu de terminer au second rang au scrutin pour le titre de recrue de l’année dans la Ligue nationale, derrière Gary Matthews, des Giants. Contre toute attente, les Expos avaient été impliqués en 1973 dans une course au championna­t et cela, pour la première fois de leur jeune histoire. Il régnait une ambiance du tonnerre au parc Jarry. C’était magique. J’ai connu du succès si rapidement dans les majeures que je devais parfois me pincer. Je suis toutefois revenu sur Terre l’année suivante en subissant 22 revers. J’en avais arraché, même si j’avais obtenu 15 victoires.»

De quoi es-tu le plus fier lorsque tu penses à ta carrière?

«De ma persévéran­ce et de mon endurance. Mon bras n’était pas le plus puissant (il a été éprouvé par

des malaises au coude et à l’épaule) et il a fallu que je trime dur pour connaître du succès sur une longue période dans les majeures. La saison 1976 fut la plus pénible de toutes alors que les Expos ont subi un record de 107 défaites. On a ensuite assisté au développem­ent d’un groupe de jeunes joueurs très talentueux et les Expos se sont élevés au rang des meilleurs clubs de la ligue. En 1979, nous nous sommes battus avec les Pirates pour le premier rang du classement jusqu’au dernier week-end de la saison. Le scénario s’est répété en 1980, avec une bataille de tous les instants face aux Phillies.»

Est-ce encore difficile pour toi de parler de ce qui s’est produit lors de la série de championna­t contre les Dodgers en 1981?

«Les gens m’en parlent encore régulièrem­ent, surtout quand je viens faire un tour à Montréal! Ils me rappellent où ils étaient et ce qu’ils faisaient en ce jour du 19 octobre 1981. Je ne peux malheureus­ement pas changer le passé et mon nom sera toujours associé à celui de Rick Monday, qui a joué le rôle de héros pour les Dodgers avec son coup de circuit réussi en neuvième manche du cinquième match de la série.»

Le fait demeure que les Expos n’auraient jamais pu participer à la série de championna­t si tu n’avais pas vaincu deux fois Steve Carlton lors de la ronde précédente, avec des victoires de 3 à 1 et de 3 à 0. Dirais-tu que tu étais alors au summum de ta carrière?

«Je crois que oui. À mon dernier départ en saison régulière, j’avais blanchi les Mets en ne leur allouant que deux coups sûrs. J’ai aussi battu les Dodgers par la marque de 4 à 1 lors du troisième match de la série de championna­t. Jim Fanning n’aurait pas fait appel à mes services en relève de Ray Burris si je n’avais pas connu ces quatre excellents départs d’affilée. Je me sentais invincible. D’être employé en relève n’était toutefois pas une situation coutumière pour moi et les choses ont mal tourné. L’adrénaline coulait à flots dans mes veines. J’étais pompé. Ma balle tombante ne fonctionna­it pas bien ce jour-là et j’ai échappé un tir en plein centre du marbre, une balle facile à frapper pour un cogneur de la trempe de Monday. Même dans l’air froid, la balle a survolé la tête d’andre Dawson pour se retrouver de l’autre côté de la clôture.»

Tu as su revenir en force la saison suivante en connaissan­t la meilleure saison de ta carrière avec 19 victoires et une moyenne de points mérités de 2,40, la meilleure dans la ligue. Cela a dû être un baume sur la plaie?

«Bien sûr que oui. Le plus beau moment de cette saison 1982 fut sans contredit la présentati­on du match des étoiles le 13 juillet devant une foule de 59 000 spectateur­s au Stade olympique. Nous étions cinq joueurs à représente­r les Expos, soit Gary Carter, Andre Dawson, Tim Raines, Al Oliver et moi. Ce fut une soirée inoubliabl­e. L’ovation que nous avions reçue occupera toujours une place spéciale dans mon coeur.»

Ça fait quatre ans que tu viens faire un tour à Montréal afin d’assister aux matchs préparatoi­res des Blue Jays. Crois-tu au retour des Expos dans un avenir rapproché?

«J’aimerais que l’équipe puisse renaître. Montréal a démontré par le passé qu’elle pouvait être une excellente ville de baseball. On a enregistré des assistance­s de 2,3 millions de spectateur­s par année. Ce n’est pas rien. Croisons-nous les doigts...»

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Steve Rogers travaille pour le compte de l’associatio­n des joueurs depuis 27 ans. Il formait tout un tandem en compagnie du regretté Gary Carter. Steve Rogers détient divers records chez les Expos. Il a été l’un des meilleurs lanceurs des ligues...

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