Le plus québécois des fédéralistes 1996
La troisième décennie du Journal se termine avec la mort de Robert Bourassa, 63 ans, survenue le 2 octobre 1996. Il a sans doute été le premier ministre le plus énigmatique de l’histoire du Québec, si l’on se fie aux nombreux articles, chroniques et bille
En 1970 (à l’âge de 36 ans), il devint le plus jeune premier ministre élu à l’assemblée nationale. À son deuxième mandat, il était reporté au pouvoir avec un score de 102 députés sur 110, une majorité inégalée depuis la Confédération de 1867. Pendant ses deux premiers mandats, M. Bourassa a fait face à la crise d’octobre, à la montée du mouvement souverainiste et à plusieurs affrontements avec les syndicats. Il a lancé les travaux de la baie James, fait du français la langue officielle au Québec, mis en place l’assurance - maladie et créé la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Malgré toutes ces réalisations, les souverainistes lui ont toujours reproché « sa mollesse » face au gouvernement central. De leur côté, les fédéralistes le blâmaient pour avoir laissé grandir l’idée de la souveraineté par ses actions trop nationalistes.
HONNI PUIS ACCLAMÉ
En 1976, Robert Bourassa était sans doute le politicien le plus haï au Québec, selon les analystes politiques du Journal et d’ailleurs. Son gouvernement fut battu par le Parti québécois et il perdit dans son propre comté. De retour dans le monde universitaire, il enseigna au Québec, aux États-unis et en Europe et disparut des radars publics jusqu’en 1983, alors qu’il effectua un retour mémorable en politique. Il fut réélu à la tête du Parti libéral du Québec avec 75 % des voix. Aux élections de 1985, il redevint premier ministre du Québec avec 99 sièges contre 23 seulement pour le Parti québécois. Mais une fois de plus, il perdit dans son comté et dut attendre quelques mois avant de se faire élire dans une partielle et de pouvoir siéger à l’assemblée nationale.
DÉBOIRES CONSTITUTIONNELS
Son deuxième séjour comme premier ministre ne fut pas de tout repos. Fervent Québécois et ardent défenseur du fédéralisme, Robert Bourassa décide de se lancer dans le débat constitutionnel. À partir de 1987, avec la collaboration de Brian Mulroney à Ottawa, il entreprend de sérieuses négociations avec les autres