IL RIT DE NOUS
Fraudeur recherché par la SQ depuis quatre ans
Un fraudeur québécois visé par un mandat d’arrestation international dit être un homme libre en France et n’a aucune intention de revenir au Québec pour purger une peine de prison.
«Je suis un homme libre ici», nous a dit Martin Allard il y a quelques semaines, depuis le sud de la France.
Même si la Sûreté du Québec le recherche depuis au moins quatre ans, nous avons été en mesure de le retrouver après un minimum d’enquête. Il nous a contactés au téléphone après qu’on eut réussi à le retracer en lui envoyant un courriel. «J’ai décidé de ne pas revenir au Québec», a-t-il ajouté.
Au début février, notre Bureau d’enquête rapportait l’histoire de ce fraudeur originaire de Montréal qui a quitté le pays après avoir dérobé 1,3M$ à quatre Québécois ( voir autre texte).
Des sources le connaissant bien nous ont ensuite indiqué qu’il était maintenant derrière une obscure compagnie commercialisant une «formule désinfectante» sur internet.
AUCUN EFFORT
Martin Allard nous a dit avoir été arrêté par la police française au printemps 2016, puis relâché. «La demande d’extradition du Canada a été rejetée. Je n’y croyais pas», nous a-t-il raconté.
Selon sa version des faits, la France n’a pas voulu l’extrader parce que le Canada n’a pas été assez sérieux dans sa démarche. «Si un pays ne fait aucun effort pendant trois ans pour te retracer, la France peut ne pas accepter de t’extrader», nous a-t-il expliqué.
Il nous a confié avoir même réussi à renouveler son passeport canadien par la poste après 2009.
Affirmant être en possession d’une authentique carte de résident français, Allard s’est défendu de s’être sauvé du Québec en 2009.
«J’étais déjà parti du Québec. J’ai juste décidé de ne pas revenir [pour ma sentence]. L’idée n’a jamais été de ne pas remplir mes obligations. Je vais continuer à travailler fort [pour essayer de rembourser les victimes]. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir», a-t-il dit.
DÉSOLÉ
Martin Allard a insisté pour dire qu’avant de partir pour de bon, il avait versé 50 000 $ aux victimes en guise de dédommagement. Il a toutefois reconnu qu’il n’avait rien de plus à offrir aux victimes huit ans après son départ du Québec. «Je comprends leur perception. Ils ont le droit d’être en colère», a-t-il dit.
Selon lui, les placements offshore étaient une pratique courante au début des années 2000.
Interrogé à savoir pourquoi tout l’argent des victimes avait disparu, il a évoqué des «placements privés», notamment un «gros projet immobilier en Amérique du Sud», qui a mal tourné.