La voix cachée
LE ROMAN DE LA SEMAINE
Un roman dont on s’empresse de crier deux choses sur tous les toits: en plus de se lire aussi facilement qu’un polar, c’est à ce jour l’une de nos plus belles découvertes de l’année 2017.
Rédiger la recension de romans coups de coeur n’est pas toujours aisé: dans certains cas – comme dans celui-ci –, l’intrigue est tellement dense qu’il faudrait des pages et des pages pour pouvoir en vanter tous les mérites.
Faute d’espace, on se contentera donc d’aller à l’essentiel: après avoir écrit Le voile de Téhéran, l’auteure iranienne Parinoush Saniee a réussi à se surpasser avec ce deuxième livre, qui lève cette fois le voile sur l’histoire d’un gamin aussi mal compris que mal aimé.
La voix cachée du titre fait en effet référence à celle du jeune Shahaab Mokhtari, qui n’a encore jamais prononcé le moindre mot. À quatre ans, rares sont les enfants qui ne savent pas parler et autour de lui, on ne se gêne plus pour affirmer ouvertement qu’il doit être mentalement retardé. Sa soeur cadette babillant depuis déjà un bon moment et son frère aîné collectionnant les bonnes notes à l’école, Shahaab finira ainsi par faire honte à son propre père.
Aucun dysfonctionnement organique n’étant à l’origine de cet étrange mutisme, seule sa mère bardée de diplômes s’obstinera à assurer qu’il n’est pas anormal… sans toutefois pouvoir empêcher les autres de continuer à penser le contraire.
Loin d’être idiot, Shahaab commencera ainsi à se venger en douce de tous ceux qui le traiteront de débile ou de gogol. À ses yeux, faire tomber une brique sur la tête d’une grand-mère malveillante est mille fois plus parlant que toutes les phrases qu’il aurait pu dire pour exprimer sa colère. Et de chapitre en chapitre, on découvrira peu à peu pourquoi ce petit Iranien n’a longtemps pu avoir recours à la parole pour décrire son triste quotidien. Un roman bouleversant qui nous a laissés sans voix.