Le Journal de Quebec

Deux ados déjouent la sécurité du Centre jeunesse

- ELISA CLOUTIER

Deux jeunes se sont évadés du Centre jeunesse de Québec la semaine dernière en défonçant une porte d’un gymnase, ce qui amène un employé à dénoncer la sécurité déficiente et insuffisan­te.

L’événement s’est produit jeudi soir dernier vers 19 h, lors d’une activité dans un des deux gymnases du Centre, selon un employé qui souhaite garder l’anonymat. Les deux jeunes de 17 ans auraient profité d’une «erreur d’inattentio­n» pour s’enfuir.

«Les deux gymnases sont délimités par un rideau, un pour les unités sécurisées et l’autre pour les unités régulières, mais ce soir-là, il n’était pas baissé, ce qui arrive souvent, malheureus­ement. L’éducatrice est allée le baisser, mais les jeunes sont passés en dessous quand il restait un pied ou deux», raconte l’employé. «Ils sont arrivés dans l’autre gymnase et à grands coups de pieds, ils ont réussi à sortir», poursuit-il.

Le premier, qui était sous la loi des jeunes contrevena­nts, a été rattrapé dans la cour et a comparu au Tribunal de la jeunesse le lendemain, pour faire notamment face à une accusation d’évasion illégale. Le second, qui était sous la protection de la jeunesse, a été ramené au Centre par un proche au cours de la nuit. Son dossier est traité comme une fugue.

FUGUES BANALISÉES ?

Selon l’employé interrogé par Le Journal, aucune sanction ni mesure de sécurité supplément­aire n’a été prise par les agents d’interventi­on et les éducateurs du Centre. «Il y a eu beaucoup de reportages sur les fugues auparavant, ça devient tellement banalisé que même ces événements-là le sont quand ça arrive.»

Le coordonnat­eur du centre Gouvernail, Robin Paradis, estime pour sa part que les fugues ne doivent pas faire l’objet de mesures punitives. «Nous avons bien compris avec les années que les fugues expriment souvent un besoin qui n’est pas pris en compte», mentionne-t-il.

M. Paradis précise par ailleurs que la porte aimantée, qui a été défoncée par les contrevena­nts, a été réparée le lendemain. Une analyse est en cours et d’autres travaux pourraient être effectués prochainem­ent pour accroître la sécurité du centre.

MANQUE DE RESSOURCES

Selon l’employé du Centre, le rideau oublié dans le gymnase témoigne du manque de ressources au Centre jeunesse. «Le système fait en sorte qu’on a des éducatrice­s qui sont parfois peu habituées à travailler en milieu sécurisé. C’est un oubli qui peut sembler banal, mais qui, en fin de compte, a eu un impact majeur», explique-t-il.

Une opinion partagée par la criminolog­ue Maria Mourani, qui estime que «l’énorme roulement» dans les centres jeunesse du Québec représente un véritable problème. «Il manque de psychologu­es, de sexologues, de psychiatre­s. C’est complèteme­nt désuet.»

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