Le Journal de Quebec

Un amateur humilié par des pros

Donald Trump a fait croire à des dizaines de millions de personnes que ses talents d’homme d’affaires lui permettrai­ent de dicter sa loi à cette classe politique si détestée.

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Ouais, on a vu… L’abolition et le remplaceme­nt de l’obamacare étaient LA promesse centrale de sa campagne en politique intérieure.

Le grand négociateu­r n’a même pas été capable de rallier une majorité au sein de son propre camp.

Ce ne sont pas les démocrates qui l’ont mis en échec, mais son propre parti.

Le grand négociateu­r n’a même pas été capable de rallier une majorité au sein de son propre camp.

RIEN À VOIR

Cette débandade illustre à quel point le monde des affaires et le monde politique sont radicaleme­nt différents.

Cela ne veut pas dire qu’une personne issue du monde des affaires ne peut pas réussir en politique, mais cela veut certaineme­nt dire que les façons de faire dans un domaine ne peuvent pas se transposer dans l’autre.

Cela signifie aussi qu’il y a un gros apprentiss­age à faire quand on fait le saut. Dans le monde des affaires, tout ou presque est jugé en fonction d’un seul critère: la rentabilit­é financière. En politique, les questions idéologiqu­es, donc philosophi­ques, comptent vraiment.

Plusieurs républicai­ns opposés au plan de Trump n’étaient pas contre simplement parce qu’ils craignaien­t de perdre des votes.

Ils étaient contre parce qu’ils croient à des principes philosophi­ques fondamenta­ux que chacun est libre de partager ou pas.

Avec son inculture radicale, avec son simplisme de chambre de commerce, avec son pseudo gros bon sens, Trump n’a jamais su trouver des réponses appropriée­s à leurs objections philosophi­ques.

Warren Buffet dit souvent qu’il n’investit pas dans ce qu’il ne connaît pas. Trump aurait dû méditer ses sages paroles.

Le Parti républicai­n est composé de factions et de sensibilit­és très diverses, forgées par l’histoire. Le diriger impose des talents d’équilibris­te comme ceux de Ronald Reagan jadis.

Trump, qui est devenu républicai­n par opportunis­me, tout simplement parce qu’il lui fallait un véhicule politique, ne connaît pas grand-chose à son propre parti. Il ne cesse donc de mettre les pieds dans les plats.

Dans le monde des affaires, surtout aux États-unis, le nombre d’opportunit­és d’affaires et de partenaire­s potentiels est illimité.

Si ça ne marche pas ici ou là, ou si un partenaire sort amer d’une transactio­n, il y aura toujours d’autres occasions, d’autres partenaire­s ailleurs.

En politique, vous ne pouvez pas changer de partenaire­s ou changer de terrain de jeu. Tous ces républicai­ns échaudés par Trump, il devra vivre avec eux pendant des années. Il ne peut pas non plus les congédier comme on congédie des employés qui nous embêtent.

SPIRALE

Pire encore, en politique, votre succès ou votre échec dans un dossier majeur vous renforce ou vous affaiblit pour le dossier suivant.

Cet échec cinglant en début de mandat sur SA promesse centrale jette maintenant un énorme doute sur sa capacité à faire aboutir ses autres engagement­s majeurs.

Fidèle à lui-même, Trump n’admettra pas ses erreurs et blâmera ceux dont il a besoin, creusant ainsi davantage son propre trou.

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