Des employés aux profils inquiétants à l’aéroport
Certains travailleurs de Montréal-trudeau présentent des signes de radicalisation
L’aéroport Montréal-trudeau est aux prises avec des employés qui présentent des signes de radicalisation, dont un qui vient de se faire muter loin des pistes à cause des risques qu’il présentait.
Voici des exemples qu’ont découvert notre Bureau d’enquête et l’émission J.E. au cours des derniers mois:
√ Quatre employés se sont fait retirer leur accès à la zone sécurisée par mesure de précaution.
√ Au moins trois de ces individus (deux travaillent toujours à l’aéroport) affichent un profil qui inquiète la police.
√ Certains ont visité des sites internet pro-état islamique (Daesh), diffusé de la propagande sur les réseaux sociaux, consulté une quantité anormale de documents traitant d’armes ou d’explosifs ( voir encadrés).
√ Sur les quatre autorisations sécuritaires retirées, une l’a été après qu’un employé de l’aéroport ayant accès à la zone sécurisée eut suggéré de commettre des attentats similaires à ceux qui ont eu lieu à Paris le 13 novembre 2015.
√ Deux autres cartes ont été confisquées parce que les travailleurs avaient des problèmes psychiatriques qui mettaient la sécurité des opérations aéroportuaires en danger.
« PRÉOCCUPANT »
Pour le directeur adjoint du SPVM Patrick Lalonde, un des responsables de la lutte antiterroriste au Québec, ces informations sont «préoccupantes».
«Le SPVM et ses partenaires travaillent chaque jour à évaluer la menace et à la contrer», dit-il.
Marcel Savard, ancien responsable de la lutte antiterrorisme à la Sûreté du Québec, s’est aussi montré inquiet de la situation.
«Ce qui m’inquiète, dit-il, c’est la position stratégique qu’occupent ces personnes.»
«On a une préoccupation envers tous les types de menaces, la radicalisation en est une», note pour sa part Pierre-paul Pharand, vice-président aux infrastructures aéroportuaires chez Aéroports de Montréal (ADM), dans un reportage qui sera présenté ce soir sur les ondes de TVA.
Cet ancien militaire veille à la sécurité des 16 millions de passagers qui passent à l’aéroport chaque année. Il soutient que son organisation prend la situation au sérieux.
« Chaque fois qu’il y a des enjeux liés à la radicalisation, dit-il, nous agissons avec nos partenaires. »
«J’en connais (des employés) qui sont arrivés au Canada depuis seulement deux mois et qui travaillent déjà autour des avions ou dans la salle des bagages», a dit un employé de l’aéroport qui a côtoyé certains de ces individus et qui a requis l’anonymat.
FILATURE NUMÉRIQUE
Selon nos informations, les escouades spécialisées en matière de sécurité nationale ont abordé à plusieurs reprises la «problématique» de Montréal-trudeau.
Si, autrefois, on comptait sur la bonne vieille technique de la filature physique, les façons de faire se raffinent: la filature est aujourd’hui numérique. C’est cette nouvelle technologie qui a été utilisée par notre Bureau d’enquête au cours des huit derniers mois pour identifier les individus à risque.
«Il faut chercher à connaître l’empreinte numérique précise de ces individus-là. Ça va nous permettre de savoir jusqu’à quel point l’individu est en progression et représente un risque», explique Marcel Savard.