Les soins dentaires de milliers d’enfants en péril
L’un des deux centres au Québec pour opérer des enfants sous anesthésie fermera sous peu
L’une des deux seules cliniques dentaires au Québec qui traitent des enfants ayant besoin d’une anesthésie fermera ses portes le 1er avril en raison de l’abolition des frais accessoires.
Pas moins de 38 enfants ont déjà vu leur rendez-vous être annulé au cours des derniers jours. Parmi les enfants soignés par le Centre dentaire Patrick Canonne, on retrouve notamment des autistes qui doivent être endormis pour assurer leur propre sécurité. L’établissement du boulevard Jean-talon à Montréal reçoit aussi des enfants référés par des dentistes partout dans la province, notamment les communautés du Nord-du-québec.
Faute d’entente avec Québec, le centre n’arrive plus à payer les anesthésistes qui reçoivent plus d’argent en allant travailler dans les hôpitaux. Malgré plusieurs annonces, il n’a pu en recruter des nouveaux.
FRAIS ACCESSOIRES ABOLIS
Auparavant, les patients devaient payer un frais accessoire de 220 $ à chaque intervention. Ce montant servait à couvrir la rémunération des anesthésistes. Une façon de faire interdite depuis le 26 janvier dernier avec l’abolition des frais accessoires. «C’est insultant pour les familles et les patients. Les cas d’abcès vont remplir l’urgence des hôpitaux», dit Patrick Canonne qui pratique depuis plus de 40 ans.
S’il n’y a pas d’entente d’ici la fin de la semaine, le ministère de la Santé devra trouver une autre solution pour ces services assurés par la RAMQ. De nombreux patients sont issus de milieux défavorisés. Ils risquent de se retrouver dans les hôpitaux où l’attente est déjà très longue.
Le litige sur la rémunération a fait en sorte que seulement quelques plages horaires sont couvertes par des anesthésistes en avril. Le ralentissement s’est amorcé il y a quelques semaines déjà. Le temps d’attente est passé de six semaines à huit mois. «Depuis janvier, on a déjà eu une diminution (des interventions) de 35 % environ. Ils sont sous-payés en venant ici», dit le Dr Evgeni Zalmaev.
COMME À L’HÔPITAL ?
Ce dernier ainsi que ses collègues anesthésistes souhaitent toucher une rémunération mixte comme en milieu hospitalier. Cette façon de faire a d’ailleurs fait l’objet d’une annonce pour trois cliniques privées qui font partie d’un projet-pilote du ministère pour les chirurgies, soit Rockland MD, Opmedic et Chirurgie DIX30.
Selon l’avis du Ministère, cette mesure entrera en vigueur le 15 avril. On souhaite y faciliter le recrutement d’anesthésistes et ainsi améliorer l’accès aux patients.