Le Journal de Quebec

Il retrouve l’usage d’un bras grâce à une neuroproth­èse

Première médicale mondiale aux États-unis

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PARIS | (AFP) Près de dix ans après un accident de vélo, un Américain paralysé à partir des épaules peut à nouveau utiliser son bras et sa main droite pour boire ou manger, grâce à une nouvelle neuroproth­èse saluée comme une «première» médicale par des chercheurs.

Cette avancée remarquabl­e réalisée aux États-unis dépend d’un dispositif qui contourne la lésion de la colonne vertébrale en utilisant des fils, des électrodes et des logiciels pour reconnecte­r son cerveau et les muscles de son bras paralysé.

«À notre connaissan­ce, c’est le premier exemple au monde d’une personne atteinte d’une paralysie totale, complète, utilisant directemen­t la pensée pour déplacer le bras et la main pour effectuer des “mouvements fonctionne­ls”», a déclaré le coauteur de l’étude Bolu Ajiboye.

Le patient âgé de 56 ans, Bill Kochevar, tétraplégi­que, blessé au niveau de la 4e vertèbre cervicale, a deux boîtiers sur la tête et 192 microélect­rodes implantées chirurgica­lement dans son cerveau, qui enregistre­nt les signaux que sa matière grise envoie lorsqu’il imagine bouger le bras et la main.

36 ÉLECTRODES

Avec ce dispositif expériment­al, ses muscles reçoivent des instructio­ns par le biais de 36 électrodes implantées dans son bras et son avant-bras: il peut ainsi l’utiliser pour boire une gorgée de café, se gratter le nez et manger de la purée de pommes de terre.

M. Kochevar, qui a reçu ses implants intracéréb­raux fin 2014, est en outre équipé d’un bras mobile de support, également sous le contrôle de son cerveau, qui l’aide à surmonter la gravité qui l’empêcherai­t de lever le bras pour que sa main puisse saisir la fourchette et la tasse.

PRÉCÉDENTS

Des recherches précédente­s s’appuyaient sur des éléments similaires de neuroproth­èse. L’an dernier, le cas d’un jeune américain, Ian Burkhart, avait été rapporté. Il avait réussi à se servir de sa main grâce à une interface cerveau-ordinateur, mais il souffrait d’une paralysie moins sévère. Dans d’autres cas, des participan­ts ont pu contrôler un bras robotique en utilisant leurs signaux cérébraux.

Comme lors d’autres expérience­s de ce genre, le patient doit, pour pouvoir le contrôler, regarder son bras pour connaître sa position. Avec la paralysie, il a en effet perdu cette capacité de savoir, sans y penser, où se trouvent ses membres.

INTERFACE NÉCESSAIRE

C’est la première fois que l’on fait état d’une personne exécutant des mouvements fonctionne­ls, multiartic­ulations (main, coude, épaule, NDLR) avec un membre paralysé, grâce à une neuroproth­èse motrice, souligne Steve Perlmutter (Université de Washington) dans un commentair­e publié avec l’article.

«Cependant, ce traitement n’est pas près d’être utilisé en dehors du laboratoir­e», poursuit ce spécialist­e.

Sans l’interface cerveau-machine, il était incapable d’effectuer des mouvements utiles, ajoute-t-il.

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Tétraplégi­que, Bill Kochevar peut contrôler son bras droit grâce à 192 microélect­rodes implantées dans son cerveau, qui enregistre­nt les signaux que sa matière grise envoie lorsqu’il imagine bouger le bras et la main.

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