Beaudoin annule son augmentation
Mais pas les autres dirigeants… pour le moment
Attaqué de toutes parts pour la hausse vertigineuse de son salaire, le président du conseil d’administration de Bombardier, Pierre Beaudoin, a finalement capitulé hier soir. Il a demandé que sa rémunération soit ramenée au niveau de 2015, mais aucun des cinq autres grands patrons de l’entreprise n’a, pour l’instant, accepté de faire de même.
Il aura fallu trois jours de controverse intense, des condamnations venant du public et des fournisseurs du groupe, et des protestations de la part du gouvernement du Québec pour que Pierre Beaudoin, l’exchef de la direction de l’entreprise, finisse par renoncer à une hausse de 36,5 % de ses revenus, qui étaient passés à 7 millions $ en 2016.
«Après avoir écouté les récents débats publics sur la rémunération des hauts dirigeants de Bombardier, j’ai demandé au conseil d’administration de revoir ma rémunération de 2016 en la réduisant au niveau de celle de 2015», a indiqué M. Beaudoin par voie de communiqué.
LE SEUL
Il est toutefois le seul, chez les hauts dirigeants de l’entreprise, à avoir plié.
Le chef de la direction, Alain Bellemare, qui a vu son salaire bondir de 47,7 % pour atteindre 12,5 millions $, fait partie de ceux qui ont décidé de conserver leur augmentation. C’est aussi le cas de David Coleal, qui dirige la division Avions d’affaires, qui a enregistré une hausse de 55 % de sa rémunération. Son collègue des Avions commerciaux gagnera également près de 6 millions $, 93 % plus que l’an dernier.
Philippe Couillard et sa ministre de l’économie Dominique Anglade avaient jusqu’à hier soutenu que cette décision «revenait à l’entreprise» et que Québec était impuissant. Mais le ministre des Finances Carlos Leitao a mis toute la pres- sion sur le groupe Bombardier en matinée hier
LEITAO ÉTAIT CHOQUÉ
«Moi, je suis choqué. Mes collègues du Conseil des ministres sont choqués parce qu’il n’y a aucune proportion. L’entreprise essaie de se restructurer, mais c’est choquant de voir de telles augmentations de salaire», a expliqué M. Leitao à l’animateur Mario Dumont sur les ondes de LCN, hier matin. «Moi, j’invite le conseil d’administration à revoir sa politique de rémunération.»
Mme Anglade avait ajouté que la haute direction de Bombardier doit «poser un geste». «Le geste doit refléter la situation actuelle», a-t-elle dit, en référence au mécontentement que suscite cette décision, qui survient alors que l’entreprise a procédé à des milliers de mises à pied l’an dernier. Le groupe a aussi reçu plusieurs milliards de dollars en aide de l’état, notamment pour la Cseries.
«APRÈS DÉBATS AVOIR PUBLICS ÉCOUTÉSUR LA LES RÉMUNÉRATIONRÉCENTS DES HAUTS DIRIGEANTS DE BOMBARDIER, J’AI DEMANDÉ AU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE REVOIR MA RÉMUNÉRATION DE 2016 EN LA RÉDUISANT AU NIVEAU DE CELLE DE 2015» — Pierre Beaudoin