Le Journal de Quebec

Au bon vouloir des médecins

- CLAUDE VILLENEUVE claude.villeneuve@quebecorme­dia.com vclaude

Nos finances publiques seraient en équilibre, après les réinvestis­sements annoncés et les versements au Fonds des génération­s. Carlos Leitão admet toutefois qu’elles ne le seront vraiment que si le gouverneme­nt parvient à réduire encore ses dépenses prévues de 469 millions.

Là où c’est particulie­r, c’est qu’on sait déjà où l’on souhaite prendre l’argent: il s’agit d’amener les médecins à consentir une baisse de 12 à 6 % de leur hausse de rémunérati­on, soit de la faire passer de 888 à 419 millions de dollars. Ce n’est pas gagné.

L’ENTENTE BARRETTE-COUILLARD

Ça donne le vertige. L’entente, conclue en 2007 par Philippe Couillard, le ministre de la Santé, et Gaétan Barrette, le président de la Fédération des médecins spécialist­es, visait un rattrapage des salaires avec le reste du Canada.

Rouverte en 2014 par Gaétan Barrette, le ministre de la Santé, pour l’étaler jusqu’en 2022, elle prévoit leur remettre encore 1,9 milliard de dollars, pour une somme totale de près de 5,3 milliards depuis 2014.

UN RATTRAPAGE

Il n’est pas question, ici, de casser du sucre sur le dos des médecins. Malgré tous les efforts, volontaire­s ou pas, qu’ont investis leurs collègues devenus politicien­s pour détruire leur réputation, ils demeurent des profession­nels que nous respectons, à plus forte raison lorsque nous sommes vulnérable­s.

Reste néanmoins qu’alors que tous les Québécois ont subi les effets de l’austérité, nos médecins ont vu leur salaire progresser considérab­lement. Alors que les réinvestis­sements sont timides et que les besoins sont criants, ils encaissero­nt encore 45 000 $ de plus en moyenne, même si Gaétan Barrette prétend que le rattrapage est complété.

Peut-on les en blâmer? Ils ont su tirer leur épingle du jeu devant des politicien­s faibles. Il faut justement s’en prendre à ceux qui leur ont consenti des hausses si disproport­ionnées qu’elles représente­nt une menace pour nos finances publiques.

Oubliez les étudiants, Bombardier, les assistés sociaux, le PQ ou les syndicats de fonctionna­ires, ce qui nuit le plus au budget du Québec, ce sont les augmentati­ons des médecins.

UN HÉRITAGE

C’est l’héritage le plus immédiat de MM. Barrette et Couillard. Le premier a été applaudi à tout rompre lorsqu’il a obtenu un premier étalement, sur lequel il faut déjà revenir après trois ans. Le second prétend avoir «littéralem­ent sauvé le Québec». De lui-même auraiton envie de croire.

Il ne faut donc pas leur accorder le ciel sans confession, à ces politicien­s qui, après avoir creusé le trou du Québec, nous ont fait souffrir pour nous en sortir et qui nous promettent de faire ce qu’il faut pour ne pas y retourner.

Déjà, Gaétan Barrette a été écarté des négociatio­ns avec les médecins au profit de son collègue du Trésor, une bonne nouvelle. Il faut néanmoins garder à l’oeil cet homme qui n’exclut pas de devenir premier ministre et qui contestait encore cette semaine les chiffres de son propre gouverneme­nt.

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