Nouveau procès pour un meurtrier allégué
Il a tué un homme qui l’avait maltraité 50 ans plus tôt
Un individu condamné à la prison à vie pour avoir tué à coup de barre de fer un homme qui l’avait maltraité dans son enfance, quatre décennies plus tôt, aura droit à un nouveau procès.
«Un nouveau procès s’impose», ont unanimement tranché jeudi trois juges de la Cour d’appel en renvoyant le dossier de Christian Bertrand à la case départ.
Au terme de son procès, l’accusé de 54 ans, un Montréalais, avait été déclaré coupable du meurtre prémédité de Joseph Gobeille, un octogénaire de Farnham, en Montérégie, le 21septembre 2011.
Les magistrats ont rappelé que Bertrand avait été placé en maison d’accueil chez Gobeille dans les années1960, alors qu’il avait environ 3 ans. «Durant cette période, la victime et sa conjointe le battent et lui infligent des sévices», peut-on lire dans le document de cour.
« PETITS COUPS »
Quelques années plus tard, Bertrand avait quitté cette famille d’accueil, mais le traumatisme des sévices a fait en sorte qu’il a dû consulter de nombreux psychia- tres tout au long de sa vie. Quelques jours avant le drame, Bertrand avait confié à un psychiatre «vouloir tuer deux personnes».
Quelques jours après, l’accusé s’est rendu chez sa victime, à Farnham, muni d’une barre de fer. Quand sa victime est sortie, il s’est dirigé vers lui avec l’arme.
«C’est pour vous donner des petits coups sur la tête», a alors dit Bertrand avant de frapper sa victime.
L’accusé a alors quitté les lieux, il s’est débarrassé de l’arme puis est rentré chez lui pour laver ses vêtements.
«Lors de l’agression, [Bertrand] souffrait depuis longtemps d’idées suicidaires et homicidaires», ont dit les juges en rappelant que l’accusé souffrait de troubles de personnalité.
AUTOMATISME
Lors du procès, la défense avait plaidé sans succès la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.
Mais le juge aurait dû instruire les jurés de la défense «d’automatisme», selon la Cour d’appel. L’automatisme se définit «comme étant un état de conscience diminué, plutôt qu’une perte de conscience, dans lequel la personne, quoique capable d’agir, n’a pas la maîtrise de ses actions», peut-on lire dans la jurisprudence.