Le Journal de Quebec

Un Sommet plutôt dérangeant

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L’événement de l’année pour la ville de Québec fut sans contredit le Sommet des Amériques du 20 au 22 avril 2001. Non pas pour les ententes qui y furent signées, mais plutôt pour les affronteme­nts qui se déroulèren­t entre les manifestan­ts antimondia­listes et les forces de l’ordre. Le Sommet réunissait 34 chefs d’état dans la foulée des pourparler­s entrepris en 1994 à Miami et visant à créer une Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA) avant 2005. En parallèle à cette rencontre, un Sommet des peuples avait été organisé lui aussi à Québec et devait rassembler des milliers d’opposants à la ZLÉA. Un périmètre clôturé de quatre kilomètres avait été érigé autour du centre des congrès, interdisan­t l’accès au secteur à tout non résident qui n’était pas muni d’un laissez-passer. La Sûreté du Québec, la GRC, la police de Québec et celle de Sainte-foy assuraient la sécurité, appuyées au besoin par l’armée qui se tenait à dispositio­n.

PACIFISTES ET ANARCHISTE­S

Après un vendredi plutôt tranquille malgré quelques échauffour­ées, les choses se corsèrent le lendemain. Une marche pacifique de protestati­on contre la ZLÉA se déroula dans la basse-ville et les quelque 40 000 manifestan­ts défilèrent dans le calme. Par contre dans la haute-ville, de violents affronteme­nts opposèrent aux policiers les membres d’un groupe d’anarchiste­s, le Black Bloc, et ses nombreux partisans. Ils furent environ un millier à tenter de franchir les barrières. Pendant plusieurs heures, des projectile­s furent lancés de part et d’autre. Pierres, briques, balles de golf et cocktails Molotov du côté des manifestan­ts, bombes lacrymogèn­es, balles de plastique et utilisatio­n de canons à eau chez les policiers. Le dimanche, tout ce beau monde quitta Québec en laissant un bilan peu reluisant du Sommet des Amériques. Sur le plan officiel, la ZLÉA ne fut pas entérinée et rien ne laisse supposer qu’elle le sera dans un proche avenir. Par ailleurs, la facture de la sécurité pendant la fin de semaine s’éleva à quelque 100 millions de dollars, selon le ministre de la Sécurité publique d’alors, M. Serge Ménard. Pendant les trois jours, il y eut au total plus de 400 arrestatio­ns et environ 200 blessés, sans oublier qu’une vingtaine de commerces subirent des dommages.

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