Le Journal de Quebec

Les secrets de l’organisati­on criminelle

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

La difficile mission de « sauveur »

Comme Lucie vous l’avait exprimé dans sa lettre « À quoi ça sert? », toute ma vie a été dédiée aux autres. Des personnes avec de sérieux problèmes de santé, des neveux orphelins, des ami(e)s dans le besoin et sans ressources, et comme je maitrisais le plus grand nombre de dossiers au bureau, je fus plus souvent qu’à mon tour, « dépanneuse au travail ».

Je me suis épuisée physiqueme­nt et psychologi­quement sans jamais trouver de satisfacti­on ni la reconnaiss­ance attendue pour ce que j’accompliss­ais. Le sauveur que j’étais était incapable de se faire plaisir, ni de garder du temps pour relaxer. De plus en plus mal dans ma peau, j’étais découragée. Consciente d’être toujours la première sollicitée et certaine que j’allais continuer d’accepter toutes les demandes vu que ça me permettait de me sentir indispensa­ble et « momentaném­ent » considérée, j’ai décidé de demander l’aide d’une psychologu­e pour m’en sortir.

« Ma chère Lucie, comme mon esprit était biaisé! Comment pouvais-je à ce point faire fausse route, moi qui d’autre part était si allumée? Je faisais du bien aux autres et on aurait dû le reconnaîtr­e. Mais une fois le citron pressé, je constatais que l’abandon, ou pire, l’indifféren­ce des gens que j’aidais, m’éclatait en plein visage. Avec l’aide du psy, j’ai pris conscience qu’il me fallait arrêter ce cycle en me faisant violence pour recentrer vers moi les énergies déployées afin de parvenir à vivre sereinemen­t le temps qu’il me restait sur terre. En un mot : sauver ma peau.

Chère Lucie, cette addiction à l’aide aux autres trahit une importante carence affective qui a pris source dans une enfance où on était le parent de nos parents. Ce besoin de reconnaiss­ance fait que nous ne dérogeons pas d’un iota de la voie qui nous fut inculquée. Inconsciem­ment, comme des soldats, nous attendons le mandat suivant, alors que le karma des autres n’est pas de notre responsabi­lité.

C’est difficile de dire NON Lucie et d’éliminer la culpabilit­é qui vient avec, mais pensez à la satisfacti­on que vous aurez à vous occuper de vous et au respect que vous gagnerez de la part des autres. C’est la grâce que je nous souhaite à nous (vous et moi entre autres) les sauveurs, au lieu de finir notre vie usés et aigris. »

Sur la voie de la guérison à 70 ans

Il n’y a rien comme l’expérience d’un semblable pour inciter quelqu’un à agir. Il faudra cependant que Lucie s’impose une démarche d’analyse comme celle que vous avez faite avec votre thérapeute. Car rien n’est plus difficile à changer qu’une mauvaise habitude qui joue un rôle qu’on se croit seul apte à jouer dans la vie des autres. Mais je laisse la chance au coureur.

Il faut toujours garder espoir

Je m’adresse à celle qui signait « Une femme à bout » qui n’en pouvait plus de sa vie qui lui apparaissa­it comme « une beurrée de marde », et à qui l’idée du suicide taraudait l’esprit. Moi aussi j’ai eu comme elle une vie difficile qui ne m’a jamais vraiment fait de cadeaux. Comme elle je me suis souvent sentie seule au monde. Mais contrairem­ent à elle, j’ai décidé d’aller chercher de l’aide pour ne pas sombrer. Je lui souligne au passage que sa peur des organismes qui lui proposent leur aide est injustifié­e. Ils comprennen­t notre mal être et nous aident à cheminer. J’en suis la preuve vivante. J’aimerais Louise que vous me mettiez en contact avec cette personne, car je sens que je pourrais l’aider.

Penséedujo­ur Seuls nos doutes augmentent avec l’âge, et non pas nos certitudes. – László Szabó

Anonyme

Je ne puis malheureus­ement pas mettre mes correspond­ants en contact les uns avec les autres. Mais je croyais important de publier votre lettre pour que cette personne, qui se croit seule au monde, constate qu’il en existe d’autres comme elle. Mais surtout qu’elle prenne vite le chemin de la thérapie pour s’en sortir.

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