Bombardier, la nouvelle aristocratie !
La grogne populaire déferle sur Bombardier et tous s’entendent pour affirmer que le conseil d’administration et la haute direction de l’entreprise sont déconnectés pour oser s’octroyer de pareilles hausses de salaire. Pourtant, ces attitudes et ces rémunérations exagérées sont observables dans plusieurs autres entreprises. Elles se perpétuent avec la connivence d’un groupe restreint d’individus qui se partage les conseils d’administration de compagnies prestigieuses et avec l’à-plat-ventrisme de nos gouvernements.
NOBLESSE OBLIGE
Le Journal révélait que deux administrateurs de Bombardier, monsieur Jean Monty et l’ex-premier ministre Daniel Johnson, quittaient le conseil d’administration avec une rente dépassant les deux millions de dollars. Ces messieurs, qui n’en finissent plus de compter les conseils d’administration auxquels ils ont siégé et les millions empilés, n’éprouvent aucune gêne avec ces avantages excessifs qui sont en partie à l’abri de l’impôt. En effet, la rémunération versée sous forme d’action n’est imposable qu’à 50 % parce qu’elle constitue un gain en capital et non un salaire. En plus de pouvoir thésauriser, malgré les déboires de l’entreprise, cette nouvelle classe de nobles profite en toute légalité d’une forme subtile d’évitement fiscal.
LES VALETS SERVILES
La cupidité des hauts dirigeants de Bombardier nous horripile, toutefois la soumission de nos premiers ministres s’avère encore plus désespérante. Notre régime fiscal est digne du Moyen Âge, comme l’affirmait la fiscaliste Brigitte Alepin, et nos gouvernants actuels se comportent comme le tiers état de l’époque qui exemptait les nobles de payer de l’impôt.
Par peur de voir certaines entreprises se délocaliser, le premier ministre Couillard refuse d’intervenir sur la rémunération des hauts dirigeants et se satisfait béatement des explications de Bombardier en omettant de dire que plusieurs pays légifèrent déjà pour encadrer la rémunération des hauts dirigeants d’entreprises cotées en bourse.
Le premier ministre préfère se comporter comme Marie Antoinette à l’égard des récriminations populaires en les ignorant, mais il devrait se rappeler qu’elle fut emportée par cette grogne.