Le Journal de Quebec

Leur école à la maison

50 % plus d’enfants font l’école à la maison selon la volonté de leurs parents.

- Daphnée Dion-viens l daphneedv

Le nombre d’enfants québécois officielle­ment scolarisés à la maison n’a jamais été aussi élevé. En un an, l’augmentati­on a été de 50 %, a appris Le Journal. De plus en plus de parents font ce choix parce que l’école ne convient pas aux besoins particulie­rs de leurs enfants, selon plusieurs.

Il y a dix ans, environ 800 enfants étaient scolarisés à la maison, alors qu’on en retrouve maintenant près de 2000, selon les chiffres du ministère de l’éducation (voir encadré). La majorité d’entre eux sont de niveau primaire.

Ce nombre est toutefois beaucoup plus élevé en réalité, puisque plusieurs parents n’inscrivent pas leur enfant auprès d’une commission scolaire chargée de superviser la scolarisat­ion à domicile, explique Christine Brabant, professeur­e en éducation à l’université de Montréal.

«On peut estimer qu’au moins la moitié des enfants scolarisés à la maison n’y sont pas inscrits», affirme-t-elle.

MANQUE DE SERVICES

L’augmentati­on constatée au cours de la dernière année s’explique par une nouvelle entente permettant à des enfants de la communauté juive hassidique d’être scolarisés à la maison, mais aussi parce qu’un nombre grandissan­t de parents sont forcés de retirer leurs enfants à besoins particulie­rs de l’école par manque de services, explique Noémie Berlus, présidente de l’associatio­n québécoise pour l’éducation à domicile.

«Je vois de plus en plus de parents qui sortent leurs enfants de l’école dans un contexte d’urgence» à cause de troubles d’apprentiss­age ou de comporteme­nt, affirme Mme Berlus, dont l’associatio­n a fait le plein de 25 % de nouveaux membres depuis un an.

Brigitte Dubé, présidente de la Coalition de parents d’enfants à besoins particulie­rs du Québec, le confirme. Elle parle même d’une «épidémie».

«Il y en a énormément, pour différente­s raisons. C’est révélateur de quelque chose qui ne fonctionne pas dans notre système scolaire. Ce n’est pas normal que des parents en arrivent à envisager ça, non pas par choix, mais parce que la situation les amène à réfléchir à ça. C’est assez frappant», affirme-t-elle.

AILLEURS DANS LE MONDE

De son côté, Christine Brabant souligne que l’augmentati­on de la scolarisat­ion à domicile n’est pas un phénomène propre au Québec.

«On voit une augmentati­on partout dans le monde», qui peut s’expliquer par une vision de plus en plus individual­isée de l’éducation, qui préconise un enseigneme­nt adapté à chaque enfant selon ses besoins, plutôt qu’une formule unique pour tous, ditelle.

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 ??  ?? Karine Léveillé fait l’école à la maison à ses deux enfants Éloïse et Félix, qui sont dysphasiqu­es et dysphraxiq­ues, à cause du manque de services offerts dans le réseau public.
Karine Léveillé fait l’école à la maison à ses deux enfants Éloïse et Félix, qui sont dysphasiqu­es et dysphraxiq­ues, à cause du manque de services offerts dans le réseau public.
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