La moitié des prescriptions inutiles
La lutte aux superbactéries passe par une baisse des prescriptions d’antibiotiques, disent les médecins, surtout que la moitié des prescriptions seraient inefficaces pour plusieurs infections.
Otites, sinusites, bronchites: jusqu’à 50 % des prescriptions sont inutiles ou inefficaces, selon le Dr Yves Jalbert, directeur de la Santé publique du Québec.
INFECTION VIRALE
«Dans 30% des cas, le patient n’en a peut-être pas besoin, croit Daniel Thirion, pharmacien au CUSM. Et pour un autre 20%, l’antibiotique ou la dose ne sont pas bons.»
Parmi les explications, le patient a souvent une infection virale, alors que l’antibiotique sert à tuer les bactéries.
Selon M. Thirion, une des solutions passe par de dispendieuses analyses de laboratoire pour déterminer la nature de l’infection.
«On arrêterait l’usage des antibiotiques qui ne sont pas requis», dit-il.
«La bactérie va toujours gagner, ajoute le Dr Valiquette. Elle a une capacité d’adaptation beaucoup plus grande que l’humain. Mais, moins on utilise d’antibiotiques, moins il y a de résistance bactérienne.»
Par ailleurs, beaucoup de médecins disent subir de la pression des patients, qui veulent absolument une prescription.
CONVAINCRE LE PATIENT
«On a une côte à remonter auprès de la population. C’est parfois plus long de convaincre le patient de ne pas prendre l’antibiotique», avoue le Dr Jalbert.
«Mais, ce n’est pas dans l’intérêt de l’individu, ni du collectif, de prendre des antibiotiques quand ce n’est pas nécessaire», dit-il.
Autre problème: les patients qui cessent la médication avant la fin.
«C’est la pire chose pour créer de la résistance», dit le Dr Jalbert.