Le Journal de Quebec

Les Québécois touchés par la fraude alimentair­e

Les produits rares plus susceptibl­es d’être falsifiés

- Elisa Cloutier

Si votre panier d’épicerie contient entre autres de l’huile d’olive, du miel et des épices séchées, vous êtes peut-être victime de fraude alimentair­e, un fléau mondial qui touche aussi les Québécois.

Un colloque de deux jours sur la fraude alimentair­e se déroulait au Château Frontenac cette semaine, une première à Québec, pour sensibilis­er la population au phénomène grandissan­t. «Le consommate­ur est la première victime de la fraude alimentair­e», mentionnai­t d’entrée de jeu Samuel Godefroy, professeur titulaire d’analyse des risques au Départemen­t de sciences des aliments, à l’université Laval.

Selon l’agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), les produits rares et de haute valeur sont les plus susceptibl­es d’être falsifiés. Les épices séchées, le miel et l’huile d’olive sont aussi souvent pointés du doigt, soit pour leur compositio­n, alors qu’on les mélange avec autre chose, ou en les identifian­t à tort. «Parfois, on indique «extravierg­e» [sur l’huile d’olive], mais elle n’est pas raffinée au point où elle est vraiment extra-vierge», précise Aline Dimitri, directrice des sciences et de la salubrité des aliments à L’ACIA.

SIROP D’ÉRABLE ET BETTERAVE

Et le Québec ne fait pas exception, alors que le sirop d’érable est dans la mire des fraudeurs à l’étranger. Selon le microbiolo­giste Marc Hamilton, du sirop de betterave a déjà été détecté dans l’or blond québécois.

«Le sucre contenu dans le jus de betterave a la même molécule naturelle que celui du sirop d’érable, même s’il ne vient pas du sirop. Il peut donc être plus difficile à détecter», précise le PDG du Groupe Environex, en ajoutant que la «marque canadienne», synonyme de qualité, peut être attrayante pour certains fraudeurs. «Les fruits de mer et les autres produits purement canadiens qu’on exporte, quand ils arrivent dans un autre pays, on ne sait pas ce qu’ils en font.»

ORIGAN ET AUTRES

Après avoir étudié la compositio­n de l’origan séché dans 25 pays, le chercheur et professeur de l’université Queen’s de Belfast Chris Elliot affirme que 36% de l’origan consommé au Canada est altéré avec des feuilles d’olivier, de myrte et même des feuilles de fraise. «N’importe quelle feuille verte était utilisée pour compenser», a-t-il indiqué, précisant que le Canada était dans le top 5 des pays où il se consommait le plus d’origan altéré dans le monde.

L’agence canadienne d’inspection des aliments rappelle que devant le doute, il est possible de lui envoyer une plainte en passant par son site internet.

Newspapers in French

Newspapers from Canada