Menacés de perdre leur bunker, les Hells demeurent silencieux
Après avoir perdu un premier round, les Hells Angels ont renoncé à venir témoigner en cour dans leur combat judiciaire dont l’enjeu est la mainmise de leur dernier bunker au Québec.
La juge Carol Cohen a demandé aux avocates des Hells si elles avaient toujours l’intention de faire entendre une vingtaine de motards pour s’opposer à l’état qui veut confisquer leur repaire de Sherbrooke, hier, au palais de justice de Montréal.
La défense avait toutefois changé le plan de match qu’elle envisageait et dont Le Journal faisait état il y a deux jours.
Les Hells — dont les trois membres fondateurs de la section sherbrookoise qui sont actionnaires de la compagnie à laquelle le bunker de Lennoxville appartient, Guy «Junior» Auclair, Georges «Boboy» Beaulieu et Richard «Dick» Rousseau — brillaient par leur absence.
De plus, la défense a encaissé un coup dur quand la juge de la Cour supérieure a rejeté toutes ses demandes visant à exclure des éléments de preuve importants dans cette affaire.
DE LA watch ARMÉE
Principalement, il s’agit d’aveux faits par 24 membres ou aspirants des Hells de Sherbrooke au moment où ceux-ci se sont reconnus coupables de complot de meurtre, lors des procédures judiciaires de l’opération Sharqc.
Au moment d’enregistrer leur plaidoyer de culpabilité et de recevoir leur peine, ces motards ont tous admis qu’ils avaient effectué de la surveillance armée — de la watch, dans leur jargon — à leur forteresse de la rue Wellington Sud pendant qu’ils livraient une guerre meurtrière à leurs rivaux des Rock Machine, durant les années 1990.
La juge Cohen a statué que la poursuite pourra utiliser ces aveux pour démontrer que le repaire des Hells constitue un «bien infractionnel», ce qui lui permettrait de confisquer ce bâtiment évalué à 424 600 $ par la Ville de Sher- brooke.
De son côté, la Ville compte sur la confiscation du repaire par l’état pour récupérer une créance de 45 631 $, puisque les Hells ne lui paient plus leurs taxes foncières depuis huit ans.
PAS AVANT L’ÉTÉ
On n’attend pas de décision avant l’été dans cette cause. Les parties ont jusqu’au mois de juin pour soumettre leurs plaidoiries par écrit à la juge Cohen.
Les bunkers des quatre autres sections québécoises des Hells – dont celui du premier chapitre des Hells au Canada, à Sorel – ont tous été confisqués par le Directeur des poursuites criminelles et pénales à la suite de l’opération Sharqc, sans que les motards ne s’y opposent.
Cette fois, ils contestent les intentions du DPCP et comptent sur les services de l’avocate Mylène Lareau, qui défendait plusieurs des Hells dont le mégaprocès pour meurtres s’est conclu par un arrêt des procédures, en octobre 2015.