La Banque Laurentienne se tourne vers l’ontario
Le fleuron québécois transfère peu à peu son centre décisionnel
Un an après l’électrochoc causé par la vente de St-hubert et de RONA, la Banque Laurentienne, un autre fleuron québécois, semble transférer peu à peu son centre décisionnel à Toronto, a appris Le Journal.
Pour une deuxième année consécutive, la Laurentienne a choisi la métropole ontarienne pour tenir son assemblée d’actionnaires, et c’est dans cette ville que vit son président et chef de la direction, François Desjardins. Deux signes, parmi d’autres, qui font craindre le pire aux employés ainsi qu’à des experts.
Selon les données de l’entreprise, le nombre de ses employés en Ontario a presque triplé depuis dix ans, au rythme d’acquisitions diverses, pour atteindre 900 personnes, dont une grande partie oeuvre au siège social de sa filiale B2B Banque, à Toronto.
POSTES COUPÉS
Pendant ce temps, ses activités québécoises ont perdu au moins 200 travailleurs et en comptent aujourd’hui 2200. La Laurentienne a aussi annoncé son intention d’abolir 300 postes supplémentaires dans ses succursales québécoises dans les prochains mois.
«Où est le centre de décisions d’une banque? C’est simple, c’est où réside son président », affirme Jean Roy, professeur à HEC Montréal et spécialiste des banques canadiennes. «C’est lui [François Desjardins] qui dirige la banque. C’est clair qu’il vit où se prennent les décisions.»
M. Roy rappelle que d’autres institutions financières comme la Banque de Montréal et la Banque Royale conservent leur siège officiel au Québec, même si leur centre décisionnel véritable a depuis longtemps migré dans la Ville Reine.
C’est précisément ce que craint Josée Cioffi, la présidente du Syndicat des employés professionnels et de bureau de la Laurentienne, qui a écrit la semaine dernière au ministre des Finances, Carlos Leitao, pour tirer la sonnette d’alarme. «Au rythme des réorganisations de l’entreprise, tout le travail que M. Desjardins est en train de créer, il ne le crée pas au Québec, il le crée en Ontario», déplore-t-elle.
ELLE SE DÉFEND
La Banque, elle, se défend de délaisser le Québec. Désormais, les assemblées d’actionnaires auront lieu dans diverses villes plutôt qu’à Montréal uniquement, explique la vice-présidente adjointe Hélène Soulard.
Elle souligne que le PDG a une résidence à Montréal et y travaille régulièrement. «On vient de signer un nouveau bail à long terme pour regrouper tous nos bureaux montréalais dans un même édifice. C’est un signe qu’on continue d’être ici au Québec.»
Le ministre Leitao n’a pas voulu commenter, hier.