Le Journal de Quebec

La Banque Laurentien­ne se tourne vers l’ontario

Le fleuron québécois transfère peu à peu son centre décisionne­l

- Philippe Orfali l orfali

Un an après l’électrocho­c causé par la vente de St-hubert et de RONA, la Banque Laurentien­ne, un autre fleuron québécois, semble transférer peu à peu son centre décisionne­l à Toronto, a appris Le Journal.

Pour une deuxième année consécutiv­e, la Laurentien­ne a choisi la métropole ontarienne pour tenir son assemblée d’actionnair­es, et c’est dans cette ville que vit son président et chef de la direction, François Desjardins. Deux signes, parmi d’autres, qui font craindre le pire aux employés ainsi qu’à des experts.

Selon les données de l’entreprise, le nombre de ses employés en Ontario a presque triplé depuis dix ans, au rythme d’acquisitio­ns diverses, pour atteindre 900 personnes, dont une grande partie oeuvre au siège social de sa filiale B2B Banque, à Toronto.

POSTES COUPÉS

Pendant ce temps, ses activités québécoise­s ont perdu au moins 200 travailleu­rs et en comptent aujourd’hui 2200. La Laurentien­ne a aussi annoncé son intention d’abolir 300 postes supplément­aires dans ses succursale­s québécoise­s dans les prochains mois.

«Où est le centre de décisions d’une banque? C’est simple, c’est où réside son président », affirme Jean Roy, professeur à HEC Montréal et spécialist­e des banques canadienne­s. «C’est lui [François Desjardins] qui dirige la banque. C’est clair qu’il vit où se prennent les décisions.»

M. Roy rappelle que d’autres institutio­ns financière­s comme la Banque de Montréal et la Banque Royale conservent leur siège officiel au Québec, même si leur centre décisionne­l véritable a depuis longtemps migré dans la Ville Reine.

C’est précisémen­t ce que craint Josée Cioffi, la présidente du Syndicat des employés profession­nels et de bureau de la Laurentien­ne, qui a écrit la semaine dernière au ministre des Finances, Carlos Leitao, pour tirer la sonnette d’alarme. «Au rythme des réorganisa­tions de l’entreprise, tout le travail que M. Desjardins est en train de créer, il ne le crée pas au Québec, il le crée en Ontario», déplore-t-elle.

ELLE SE DÉFEND

La Banque, elle, se défend de délaisser le Québec. Désormais, les assemblées d’actionnair­es auront lieu dans diverses villes plutôt qu’à Montréal uniquement, explique la vice-présidente adjointe Hélène Soulard.

Elle souligne que le PDG a une résidence à Montréal et y travaille régulièrem­ent. «On vient de signer un nouveau bail à long terme pour regrouper tous nos bureaux montréalai­s dans un même édifice. C’est un signe qu’on continue d’être ici au Québec.»

Le ministre Leitao n’a pas voulu commenter, hier.

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Les activités québécoise­s de la Banque Laurentien­ne ont perdu au moins 200 travailleu­rs et en comptent aujourd’hui 2200.
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