Vanité et culture allemande au Musée des beaux-arts
L’établissement national dévoile deux nouvelles expositions dans son pavillon central
Après une visite chez un ami à Berlin en 2002, Trahan a développé une fascination pour l’allemagne, si bien qu’il s’y est établi pendant six ans et a appris à parler couramment l’allemand. Ses oeuvres, qui traitent du côté sombre de l’époque des nazis ainsi que du fascisme italien, sont imprégnées de son passage là-bas.
À travers une vingtaine d’oeuvres, dont 14 ont été acquises par le MNBAQ, il propose une réflexion, par l’écriture et le dessin, sur le poids des mots et les failles de la traduction. Le titre Parce qu’il y a la nuit est évocateur.
Carl Trahan travaille également avec le néon, qui témoigne de son intérêt pour la modernité. «Les néons ont déjà été une nouvelle technologie. Aussi lumineuse soit-elle, elle a son côté sombre aussi. Le néon était associé au marketing. Qui dit marketing dit promotion, et éventuellement, propagande», explique le conservateur Bernard Lamarche.
L’exposition s’ouvre avec l’enseigne lumineuse ewig, qui veut dire «éternel» en allemand, puisqu’on enseignait aux étudiants, à l’époque, que le Troisième Reich allait être éternel.
Même si elles sont inspirées d’une autre époque, les oeuvres de Carl Trahan résonnent drôlement dans l’actualité d’aujourd’hui. «Une bonne partie du travail de Carl porte sur la manière avec laquelle on peut manipuler les mots au profit d’un régime politique», soutient Bernard Lamarche, qui faisait allusion «à nos voisins du Sud».
DIALOGUES AUTOUR DE LA VANITÉ
Pour sa seconde exposition temporaire, le MNBAQ a puisé dans sa collection pour bâtir un dialogue entre une cinquantaine d’oeuvres récentes et anciennes, sur le thème de la vanité, un genre pictural qui met en valeur la nature morte, la fragilité de l’existence, le temps qui passe, la mort.
De l’art graphique à l’art décoratif, en passant par la peinture et la photographie, l’exposition Le temps file rassemble des oeuvres telles que La Bécasse, de Suzor-côté, aux côtés d’une sculpturemiroir de Paryse Martin, entre autres.
Le MNBAQ a ressorti ses plus belles vanités classiques, où les crânes sont bien en évidence, comme dans Vanité, de Harmen van Steenwyck. La tête de mort revient d’ailleurs sous toutes sortes de formes dans l’exposition.