Les fitmoms préoccupent
Des mères qui s’entraînent intensivement durant leur grossesse sont de plus en plus nombreuses
Le phénomène des fitmoms, ces futures mamans qui ont des ventres musclés pendant leur grossesse, gagne des adeptes au Québec, alors qu’un médecin chercheur met en garde contre le manque d’études sur les impacts de l’activité physique sur la femme enceinte.
Sur les réseaux sociaux comme Instagram, le mot-clic #fitmom rejoint des millions de mamans en forme qui affichent un ventre musclé à cinq mois de grossesse ou une silhouette plate quelques jours après l’accouchement. Le phénomène est répandu partout dans le monde avec de nombreuses ambassadrices ( voir encadré).
La mode gagne des Québécoises accros à l’entraînement, comme la chanteuse Émily Bégin ( voir autre texte).
Si les médecins soutiennent en général que faire du sport est bon pendant la grossesse, peu d’études se sont penchées sur les effets de l’entraînement extrême.
«Je crois que ça prend plus d’études pour pouvoir recommander de faire de l’activité vigoureuse et dire qu’elle n’a pas d’impacts sur l’implantation du placenta et sur la croissance foetale», estime la Dre Isabelle Marc, chercheuse clinicienne au CHU de Québec, spécialisée en reproduction et santé de la mère et de l’enfant.
La Dre Marc a constaté, dans le cadre d’un projet portant sur les femmes enceintes, que l’activité vigoureuse diminue la masse grasse des nouveau-nés. «Est-ce bon ou pas? On ne le sait pas encore, laisse-t-elle tomber. Les recommandations actuelles, c’est de faire de l’exercice modéré en respectant les possibles contre-indications.»
PRENDRE DU POIDS, C’EST NORMAL
De son côté, Julie Robitaille, chercheuse à l’université Laval et notamment spécialisée en gain de poids gestationnel, met en garde les femmes qui voudraient limiter leur gain de poids durant la grossesse. «Ce n’est pas une approche santé, avise-t-elle. Il ne faut pas se restreindre, c’est une période d’abondance.»
Selon une étude de l’american Journal of Public Health, les bébés de mères qui n’avaient pas pris assez de poids pendant la grossesse étaient plus susceptibles de mourir au cours de la première année de vie, a rapporté Fox News.
Mme Robitaille note que vouloir être une fitmom comporte des risques, tels que des naissances prématurées ou des retards de croissance pour les nouveau-nés. «On voit les success stories, celles pour qui ç’a fonctionné, fait-elle valoir. Les femmes vont voir ça et penser que c’est faisable.»
Elle croit plutôt que les futures mamans devraient prendre plaisir à bien manger. «La culture du corps parfait, on la voit de plus en plus. Et ça atteint une catégorie de femmes (enceintes) qui ne le devraient pas, car elles doivent prendre du poids et nourrir leur bébé», dit Mme Robitaille.
PAS DE NOUVEL ENTRAÎNEMENT
Andrea Paige, propriétaire du centre d’entraînement Fitmom, soutient de son côté que les femmes enceintes ne doivent pas se lancer dans un nouvel entraînement. «Ma principale inquiétude n’est pas pour la sécurité du bébé. Il est très bien protégé dans l’utérus», lance-t-elle.
Mme Paige rappelle que les articulations des femmes enceintes sont plus relâchées, donc plus à risque de blessures. Elle recommande de faire un entraînement conçu pour minimiser les complications et les risques pour leur corps.