Spectacle infructueux
À part offrir un bon spectacle dans les médias, les relations tendues entre les maires de Québec et Lévis n’apportent rien de positif pour les contribuables de la région.
Si on recule de 20 ans, on constate rapidement que les relations entre les maires de Québec et Lévis étaient à peu près inexistantes. Les deux systèmes de transport n’étaient même pas arrimés, ce qui se traduisait par des parcours sans fin pour passer d’une rive à l’autre. C’était une autre époque, celle où les guerres de clochers passaient trop souvent avant l’intérêt des citoyens.
Puis il y a eu les fusions, et les élus de Québec et Lévis ont expérimenté le principe de «l’union fait la force». Il faudra toutefois attendre janvier 2008, sous le règne de Danielle Roy-marinelli, avant d’assister à un rapprochement.
M. Labeaume et elle avaient alors signifié le début d’une collaboration dans divers dossiers. Mme Roy-marinelli avait rappelé que le courant ne passait pas entre Jean-paul L’ALlier et Jean Garon, pas plus qu’entre Andrée Boucher et elle-même. «Je n’apprends rien à personne en disant qu’il n’y a jamais eu une véritable collaboration entre les maires des deux rives», avait-elle déclaré au Journal.
Les relations se sont refroidies par la suite entre eux, mais la collaboration s’est maintenue entre les Villes, sur le plan du transport notamment, pour s’intensifier avec l’arrivée de Gilles Lehouillier.
POIDS POLITIQUE
Pour Lévis, le fait d’entretenir de bons rapports et une collaboration efficace avec Québec comporte de multiples avantages. La raison en est simple, Lévis ne passera jamais près de détenir un semblant de poids politique comme celui de Québec, qui est la capitale nationale.
Un rapport commandé par le PQ, et que les libéraux ont refusé de rendre public, avait même suggéré, en 2014, que Lévis intègre la région administrative de la Capitale-nationale (elle fait partie de Chaudière-appalaches) afin de rendre sa gestion plus efficace.
Pour Québec, le fait de collaborer avec Lévis permet la prise de décisions plus cohérentes pour l’ensemble de la région, tant en matière de transport que de développement économique, de tourisme et d’aménagement, notamment de la bordure fluviale.
RÉALITÉ DIVERGENTE
Au cours des dernières années, les deux maires ont fait coalition pour la peinture du pont de Québec, dossier qui suit son cours. Les deux Villes ont aussi mené une réflexion qui a conduit au dépôt du Plan de mobilité durable. Elles ont collaboré pour l’élaboration du projet de service rapide par bus (SRB).
Puis ces derniers mois, les deux élus ont commencé à se quereller par médias interposés, sur fond de SRB justement, mais aussi de troisième lien.
Le maire de Lévis se trouve dans une position délicate. Sur la Rive-sud, ça pousse beaucoup pour un troisième lien, aussi M. Lehouillier doit démontrer son adhésion, d’autant plus à quelques mois des élections municipales. À Québec, on n’a jamais senti que le maire croyait au troisième lien, avec raison d’ailleurs.
Les deux maires ont donc avantage à accorder leurs violons
DOSSIER IMPORTANT
Le dossier du SRB n’en est pas moins important, car il s’agit du seul projet visant à réduire les problèmes de congestion routière dans la région, une réalité à laquelle les résidants de Lévis sont les plus confrontés. Et j’ajouterais à laquelle un troisième lien ne changera rien. C’est bien connu, et tous les experts vous le diront: ajouter des autoroutes ne permet aucunement de régler les problèmes de congestion routière, bien au contraire: ça ne fait que les aggraver en augmentant l’effet d’entonnoir.
Les deux maires ont donc avantage à accorder leurs violons et à se parler. Ils se sont rencontrés de nouveau au sujet du SRB vendredi, et se sont entendus sur un projet commun. C’est de bon augure. Reste à voir si leur réconciliation va résister.