L’ETA livre à la France plusieurs tonnes d’armes
Le geste de l’organisation séparatiste basque est jugé insuffisant par l’espagne
BAYONNE | (AFP) La liste fournie par L’ETA a permis de retrouver hier «près de 3,5 tonnes d’armes et d’explosifs», un geste dans le cadre du «désarmement» annoncé par l’organisation séparatiste basque et salué comme un «grand pas» par la France, mais jugé insuffisant par l’espagne.
L’organisation clandestine, qui a renoncé en 2011 à la lutte armée, a fourni hier cette liste de huit caches d’armes et d’explosifs, situées dans le département français des Pyrénées-atlantiques, frontalier avec l’espagne, selon des sources proches du dossier. La France et plus particulièrement le Sud-ouest ont historiquement servi de «base arrière» à L’ETA.
Après s’être rendues sur place, les autorités ont retrouvé «près de 3,5 tonnes d’armes, explosifs et matériels nécessaires à la fabrication d’engins explosifs», a annoncé le premier ministre français Bernard Cazeneuve, qui s’est «félicité de cette opération, menée dans le calme et sans violence».
« DISSOLUTION DÉFINITIVE »
La tonalité était la même un peu plus tôt hier lorsque le ministre de l’intérieur Matthias Fekl a salué «un grand pas» et «un jour incontestablement important», en rendant également hommage aux victimes de L’ETA.
En revanche, à Madrid, la tonalité est toute autre et c’est la première fois que l’espagne et la France ne sont pas sur la même longueur d’onde dans ce dossier: L’ETA doit «annoncer sa dissolution définitive, demander pardon à ses victimes et disparaître au lieu de monter des opérations médiatiques pour dissimuler sa défaite», a sèchement commenté le gouvernement espagnol dans un communiqué.
Dès vendredi, Madrid avait adressé une fin de non-recevoir à L’ETA: «Elle ne tirera aucun avantage, aucun bénéfice politique» de son désarmement unilatéral. En 43 ans, les attentats de L’ETA perpétrés au nom de la lutte pour l’indépendance du Pays basque et de la Navarre ont fait 829 morts, selon les autorités.
FAIRE « PARLER » LES ARMES
Les forces de l’ordre doivent à présent s’assurer que ces caches correspondent à ce qu’elles savent de l’arsenal du mouvement clandestin. Les experts en balistique et la justice devront ensuite faire «parler» ces armes.
«Les produits dangereux seront détruits. Armes et matériels vont être expertisés sous l’autorité de la justice qui travaillera, comme toujours, en étroite collaboration avec la justice espagnole afin de vérifier si les éléments recueillis peuvent aider à résoudre des affaires toujours en cours», a précisé le premier ministre français.
C’est la Commission internationale de vérification, une structure indépendante qui oeuvre à la solution du conflit basque, mais qui n’est reconnue ni par Madrid ni par Paris, qui a remis cette liste de caches hier matin au procureur de Bayonne, Samuel Vuelta Simon, a indiqué ce dernier dans un communiqué.
L’ETA, qui est classée comme «organisation terroriste» par l’union européenne, avait annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi, dans un communiqué à la BBC, son «désarmement total» pour hier.