Le Journal de Quebec

Ode à la puissance évocatrice des mots

Le journalist­e et écrivain Bernard Pivot, une des personnali­tés les plus populaires de France, s’est laissé porter par la puissance évocatrice des mots, au cours de ses nombreuses lectures, pour écrire son nouvel – et excellent – ouvrage, La mémoire n’en

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Bernard Pivot, membre de l’académie Goncourt, considère cet ouvrage comme la suite de Les mots de ma vie. «C’est un peu ce que je n’ai pas dit dans Les mots de ma vie. Peut-être parce que maintenant, j’ai encore plus de liberté. C’est paru il y a huit ans... et plus on prend de l’âge, plus on est libre. Plus on a le courage ou l’habileté d’être soi-même», dit-il en entrevue.

Bernard Pivot note que le livre a failli s’intituler Ricochets. «Quand on vieillit, on s’arrête de plus en plus souvent, dans la lecture des livres, parce que telle scène, tel personnage, telle réflexion, tel mot vous rappelle quelque chose que vous avez vécu il y a 10, 20 ou 50 ans. Donc on s’arrête, on réfléchit, on met en activité sa mémoire et on essaie de confronter ce dont on se souvient avec ce qu’on vient de lire. Tout le livre est fait de ces allers-retours entre ma lecture et mes souvenirs.»

Ainsi la lecture de Vladimir Nabokov évoque-t-elle des lettres d’amour, celle d’un état d’esprit, de Patrick Besson, lui permet de partager le menu du déjeuner du jour du Goncourt. La lecture du livre Le Sens de ma vie, de Romain Gary, lui a fait penser à un rôle muet dans une pièce de Feydeau qu’il a tenu au Théâtre des Nouveautés. Il évoque François Sagan, Marguerite Duras, Romain Gary... se souvient de son premier cigare grâce à un passage d’umberto Eco, rappelle «la tyrannie de l’actualité», raconte avec joie des moments de sa carrière journalist­ique.

La Vie Littéraire a changé

Bernard Pivot constate que la vie littéraire a bien changé au cours des dernières années. «Elle n’est plus ce qu’elle a été. Il y a 40 ou 50, ans, il y avait des chapelles littéraire­s, des querelles littéraire­s, des revues littéraire­s, des dîners littéraire­s. Tout ça a disparu, un peu d’ailleurs à cause de la télévision, et à cause de l’évolution même de la librairie.»

«Il y a toujours des prix littéraire­s, ça n’a pas changé. Et la chose nouvelle, c’est les salons littéraire­s, comme à Québec et à Montréal, où il y a une rencontre entre les lecteurs et les écrivains. Mais la vie littéraire n’est plus aussi effervesce­nte, aussi intéressan­te, aussi captivante qu’elle l’était il y a 30 ans ou 50 ans.»

Il pense que les écrivains sont plus individual­istes qu’avant et note que la littératur­e et le roman dominent toujours le paysage, comme durant tout le 20e siècle. «La poésie s’est beaucoup retirée, beaucoup effacée. Et puis, il y a des domaines littéraire­s qui ont pris une ampleur considérab­le, en particulie­r le roman policier et la bande dessinée.»

souvenirs de Québec

Bernard Pivot garde par ailleurs un excellent souvenir de son passage au Salon internatio­nal du livre de Québec, il y a deux ans. «J’apprécie tous mes voyages, tous mes séjours et toutes mes émissions au Québec. J’aime beaucoup de choses... mais si je dois faire le tri, je dirais d’abord la défense du français, la manière dont vous parlez le français, votre accent que j’adore et puis cette sorte de franchise, de rapport direct qu’on a avec les gens qu’on n’a pas toujours en France. Il y a une sorte de sympathie directe, avec les mots qu’il faut.»

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