Le Journal de Quebec

Intense épopée dans l’amérique du 19e siècle

- MARIE-FRANCE BORNAIS

L’écrivain ontarien Clifford Jackman offre une intense épopée au coeur des États-unis brisés par la Guerre de Sécession et les avancées de la civilisati­on dans le Far West dans un roman palpitant, savoureux, mettant en scène une joyeuse bande de truands: la famille Winter.

Avocat passionné par l’histoire, Clifford Jackman s’est plongé dans les pires heures de la Guerre de Sécession (1861-1865) pour camper cette histoire où il y a de l’action à souhait, mettant en scène des crapules réunies en une sombre équipe.

Quentin le psychopath­e côtoie Fred, l’esclave qui a repris sa liberté à coups de hache, les frères Empire, aussi bêtes que cruels, et le mystérieux Augustus Winter. Ils parcourent les États-unis, semant la désolation sur leur passage, en mercenaire­s sans vergogne.

Clifford Jackman a su dépeindre cette intense épopée avec une plume colorée, des descriptio­ns très vives et beaucoup d’émotions fortes. Il nous transporte ailleurs, complèteme­nt. «Ce roman est né d’une nouvelle se déroulant en Oklahoma en 1891. J’avais d’autres idées pour des personnage­s dans le même univers et j’ai écrit quelques histoires, sans ordre chronologi­que. Ensuite, je les ai comprimées en un seul roman, avec l’aide de mon agent littéraire, pour faire un tout cohérent», explique-t-il en entrevue depuis Richmond Hills, près de To

ronto.

FASCINATIO­N

La Guerre de Sécession le fascine. «Je pense que beaucoup de points qui nous distinguen­t des autres pays ont cette période pour origine. Plusieurs problémati­ques qu’on voit encore aujourd’hui remontent jusque-là», note l’écrivain. Des personnage­s réels, comme Stonewall Jackson et le général Sherman, côtoient des personnage­s sortis tout droit de son imaginatio­n. «C’était une époque très particuliè­re. On considère de manière générale que le Sud avait des meilleurs généraux du côté tactique, mais que le Nord avait une stratégie brutale qui a bien fonctionné, grâce au nombre de soldats. Ils ont détruit beaucoup d’infrastruc­tures civiles.»

Les personnali­tés étaient plus grandes que nature, ajoute-t-il. «Tout le monde, d’abraham Lincoln aux Confédérés, fournit des modèles très intéressan­ts. J’ai l’impression qu’on a assisté à un énorme tremblemen­t de terre, à une faille, dont on ressent encore les effets 150 ans plus tard.»

«Je ne sais pas à quel point les gens réalisent le nombre de décès qu’on peut attribuer à cette guerre. C’était des Américains, des deux côtés. Et la guerre s’est poursuivie après la fin officielle des hostilités, avec le Ku Klux Klan, les milices, la loi Jim Crow. C’était dévastateu­r: on a broyé toute une génération.»

ÈRE TRÈS INTÉRESSAN­TE

Du point de vue littéraire, c’était une ère très intéressan­te. «Ce qui m’intéresse, c’est de voir que de grandes organisati­ons, ou de grandes nations, agissent collective­ment d’une manière qui serait considérée, individuel­lement, comme un comporteme­nt de psychopath­e. [...] C’est aussi le moment où la “civilisati­on” se heurtait à ses frontières. On passait dans un autre monde où les règles habituelle­s ne tenaient plus.»

Je maudis les maîtresses!

Il y a quelques jours, une femme en désarroi vous écrivait parce que la maîtresse de son mari l’avait appelée pour l’aviser qu’il avait été son amant pendant quelques mois. Je me suis alors souvenue que chaque fois qu’une maîtresse vous écrivait, vous ne faisiez que la protéger, en l’avisant que peut-être, le monsieur en question ne laisserait pas sa femme ni ses enfants pour elle, et que ça pourrait lui faire beaucoup de pepeine. Pourquoi ne pas dire immédiatem­ent à ce genre de femme qu’elle brise la vie d’une famille, et que si elle n’a aucun respect pour la femme du monsieur, elle pourrait au moins penser aux enfants?

Moi je vais avoir le culot de vous dire c’est quoi une maîtresse. Car je m’y connaîs puisqu’il y en a dans ma famille et que j’ai côtoyé des collègues de travail qui n’avaient aucune gêne d’avouer qu’elles avaient des amants. Ce sont des personnes sans scrupules, sans tête et sans coeur. Et toutes ont le culot d’appeler leur amant chez lui. La maîtresse de mon ex-mari m’avait appelée pour m’engueuler de ne pas voir mon mari assez souvent. Je n’ai même pas répliqué, car cela aurait été m’abaisser au niveau d’un troul-de-cul.

J’avais avisé mes enfants d’être gentils avec elle, mais quand j’ai entendu l’un deux dire qu’elle avait tenté de lui asséner une claque en plein visage, j’ai appelé mon ex pour l’aviser que « …si jamais elle touchait à l’un de mes enfants, je la ramènerais sur son balcon en casse-tête. Pas morte, mais dans un état d’aussi grandes souffrance­s que celles qu’elle nous avait imposées à nous, en te volant. »

J’ai d’ailleurs su que lorsque les compagnons de travail de mon mari ont eu vent de son aventure, ils lui auraient dit de ne pas faire ça à la bonne personne que j’étais. Et même s’il avait répliqué que j’étais une trop bonne femme pour faire mal à une mouche, dans un cas comme ça, j’aurais pu devenir mauvaise.

Après que la fichue maîtresse se soit permise de débarquer chez moi sous prétexte que je l’avais convoquée, ce qui était faux, j’ai monté mon dossier en secret, pour ensuite convoquer mon mari et lui annoncer que je demandais le divorce. Pour couronner le tout, mes garçons alors adolescent­s ne voulaient plus aller dormir chez leur père, car madame voulait coucher avec eux. Oui, c’est comme ça que ça agit une maîtresse.

Vous allez peut-être me dire de me regarder avant de juger les autres. Et bien moi j’ai beau me regarder sous tous les angles, je sais que je n’aurais jamais pu être une maîtresse. Déjà à 20 ans quand j’entamais une relation avec quelqu’un, je vérifiais toujours s’il était libre. Rendue à 38 ans après ma séparation, j’ai connu quelqu’un par hasard, mais j’ai quand même vérifié s’il était libre avant de coucher avec lui ou de faire des projets. C’est ça être honnête!

Penséedujo­ur Un homme ne comprend pas un livre profond avant d’avoir vu et vécu au moins une partie de ce qu’il contient. – Ezra Loumis Pound

Fière de ce que je suis

Mon rôle n’est pas de faire la morale à quiconque. Qui suisje d’ailleurs pour imposer à quelqu’un mes croyances? Je réponds au Courrier pour donner des pistes de solutions à un problème qui se présente dans le parcours de vie de quelqu’un, et non pas pour lui dire que ce qu’il fait, heurte mes valeurs. Je me dois d’être empathique envers les gens en leur donnant des moyens de sortir d’une impasse. Ce qui ne signifie pas que je suis sympathiqu­e à une cause en particulie­r. Car si c’était le cas, je me retrouvera­is régulièrem­ent dans des situations où je n’aurais aucune solution puisque je ne ferais que juger mes interlocut­eurs. Ce que je ne dois pas faire. À mes yeux, une maîtresse n’est pas plus mauvaise que la femme dont elle subtilisé le mari. Les deux sont acteurs d’une situation de vie.

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Clifford Jackman La famille Winter Traduit de l’anglais par Dominique Fortier Éditions Alto - 408 pages
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