Le Journal de Quebec

Un gâchis des libéraux fédéraux

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

L’impatience à l’endroit du gouverneme­nt fédéral monte avec raison dans la gestion des conséquenc­es de l’arrêt Jordan. La population crie son désarroi et sa colère face à des cas d’accusés qui ne seront jamais jugés pour des gestes très graves, même des meurtres.

Pour ce gâchis, il y a bien du monde à blâmer, mais le gouverneme­nt fédéral est le seul acteur qui ne semble pas avoir senti l’urgence, même au lendemain de l’arrêt Jordan de la Cour suprême. Les avocats de la défense, les procureurs de la Couronne ainsi que le gouverneme­nt du Québec, tous ont mis en place des plans d’action pour accélérer le traitement des dossiers.

Au fur et à mesure que les langues se délient, on comprend davantage comment en parallèle le gouverneme­nt fédéral s’est traîné les pieds. Pire encore, par son incompéten­ce, le gouverneme­nt Trudeau a même paralysé le processus de nomination des juges.

Malgré plusieurs postes vacants, ce processus de désignatio­n de juges se trouve presque au point mort depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux de Justin Trudeau

JUDY FOOTE COUPABLE

Stéphanie Vallée, la ministre québécoise de la Justice, a été critiquée plus souvent qu’à son tour pour sa gestion du dossier. Il est vrai que ses interventi­ons publiques manquent parfois d’aplomb et sont tout sauf rassurante­s. Cependant, nous avons été bien sévères avec elle pendant que le bonnet d’âne aurait dû aller à la ministre fédérale de la Justice Judy Foote.

Québec a quand même débloqué 175 millions pour embaucher du personnel et réduire les délais à toutes les étapes du processus judiciaire qu’il contrôle. Mais la ministre fédérale détient quand même la clé du plus gros goulot d’étrangleme­nt : la nomination de juges à la Cour supérieure.

Malgré plusieurs postes vacants, ce processus de désignatio­n de juges se trouve presque au point mort depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux de Justin Trudeau. Stéphanie Vallée et son gouverneme­nt dénoncent l’absence d’un sens de l’urgence au gou- vernement fédéral. Ils ont parfaiteme­nt raison.

SYSTÈME PARALYSÉ

Voici le portrait. Les nomination­s de juges par le ministre de la Justice au Canada sont faites à partir de candidatur­es sérieuseme­nt étudiées par les Comités consultati­fs de la magistratu­re siégeant dans les différente­s régions du Canada.

Lorsque les libéraux sont arrivés au pouvoir, ils ont dissout les Comités consultati­fs en place et purgé toutes les candidatur­es déjà prêtes pour une nomination. Il fallait repartir à zéro, à partir de nouveaux critères (... plus libéraux?)

Malgré l’urgence créée par l’arrêt Jordan, ce n’est que cet hiver que la ministre a commencé à remettre en place des Comités consultati­fs pour étudier des candidatur­es. Dans plusieurs régions, ce n’est pas encore fait. Imaginez à quel point nous sommes loin de nommer des juges pour pourvoir les postes vacants.

Qui plus est, les nouveaux critères favorisent les juristes universita­ires qui ont publié de grands articles à propos du droit. On pourrait nommer des sommités académique­s, issus des université­s, mais des gens qui n’ont jamais vécu la réalité du tribunal. Le lendemain, on va leur demander de gérer efficaceme­nt des procès afin de désengorge­r le système.

Manque de sens pratique, négligence, partisaner­ie, nous avons vu ici le pire côté du gouverneme­nt Trudeau.

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